« Nous quittons le convoi au moment où l’Europe arrive dans des eaux dangereuses »

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Manifestation contre le Brexit près d’un monument en hommage à Winston Churchill, à Londres, le 29 janvier.
Manifestation contre le Brexit près d’un monument en hommage à Winston Churchill, à Londres, le 29 janvier. SIMON DAWSON / REUTERS

Entretien. A l’origine médiéviste, il est devenu l’un des plus grands historiens du nazisme. On lui doit notamment une biographie de référence sur Hitler en deux volumes (Flammarion 1999 et 2000). Aujourd’hui, Ian Kershaw publie le second volume de sa grande histoire de l’Europe au XXe siècle : L’Age global. L’Europe, de 1950 à nos jours, (Seuil, 752 p., 26 euros). Faisant suite à L’Europe en enfer. 1914-1949, (Seuil, 2016), ce nouvel ouvrage retrace la renaissance du Vieux Continent, de l’après-guerre de 1950 à nos jours.

Comment ressentez-vous le départ du Royaume-uni de l’Union européenne (UE) ?

Malgré la victoire du « Leave » au référendum de juin 2016, j’ai voulu croire que le Brexit ne se concrétiserait pas. Les Britanniques étant fondamentalement pragmatiques, j’estimais à tort qu’ils verraient que les dangers d’une sortie de l’UE sont bien plus grands que les inconvénients d’y rester.

Comme beaucoup de gens autour de moi, je n’ai pas compris que la question de l’identité prenait le pas sur tout le reste, y compris les intérêts économiques et personnels. L’Europe était certes une plaie ouverte dans la vie politique britannique depuis plus de deux décennies, et le Royaume-Uni le membre le plus turbulent de l’UE, mais encore en 2004 une majorité de la population demeurait favorable au maintien.

Comment expliquez-vous la rapidité de ce basculement ?

On peut tracer une ligne droite depuis la crise financière de 2008 jusqu’au Brexit, en passant par la politique d’austérité qui a grandement touché le niveau de vie des Britanniques, puis le choc de la crise des réfugiés.

C’est alors que les partisans du départ de l’UE ont lancé leur slogan « Reprenons le contrôle » : un message simple et fort qui n’était pas seulement négatif. Depuis longtemps déjà les électeurs estimaient que le pays devait pouvoir maîtriser l’immigration et que les gouvernements successifs n’y étaient pas parvenus. La cible étant les personnes originaires des pays de l’UE, notamment de l’Est.

Cette attitude s’est encore durcie après que la chancelière allemande Angela Merkel a ouvert les portes de l’UE à plus de 1 million de réfugiés venant du Moyen-Orient, entre 2015 et 2016. La campagne du « Leave » a joué sur la peur. Il était facile de dire que la sécurité du pays était en jeu en prétendant que des djihadistes se cachaient parmi eux. En outre, en face, il n’y avait pas de slogan aussi efficace. Que le camp du « Remain » n’ait jamais cherché à montrer les avantages qu’il y aurait à rester au sein des Vingt-Huit est un indicateur de la piètre estime dans laquelle beaucoup de ses partisans tenaient l’UE.

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