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Tribune. Le 10 janvier, Hervé Morin, président de la région Normandie annonçait à l’occasion de ses vœux le lancement, pour le 80e anniversaire du D-Day en 2024, d’une initiative d’envergure sur le débarquement de Normandie, « un évènement qui permettrait chaque année de retenir un jour ou deux de plus les visiteurs si nombreux qui viennent sur les plages du débarquement ».
Depuis cette annonce, les médias se font l’écho du projet de créer un « D-Day Land », un « grand parc touristique », un « parc colossal à 250 millions d’euros », un « spectacle vivant », d’une « immense cinéscénie du type Puy-du-Fou ».
Nous apprenons que cette initiative, aux objectifs fondamentalement économiques, serait menée par une société privée dont les créateurs sont déjà à l’œuvre et en repérage sur le terrain ; nous ne pouvons que redouter l’exploitation commerciale majeure de la mémoire qui s’ensuivra nécessairement.
Nous, les enfants et descendants des soldats français du 1er bataillon de fusiliers marins commandos (BFMC) qui débarquèrent en Normandie le 6 juin 1944 sous les ordres du commandant Philippe Kieffer, voulons vous faire part de notre consternation et de notre totale opposition à un tel projet sur les terres mêmes où nos parents se battirent lors du débarquement et durant les longues semaines de la terrible bataille de Normandie.
Sensationnalisme et mercantilisme
Pour votre information, Léon Gautier et Hubert Faure, les deux derniers vétérans du 1er BFMC, condamnent eux aussi fermement ce projet. Comme nos parents, des centaines de milliers de soldats alliés américains, britanniques et canadiens ont combattu sur ces lieux et des milliers d’entre eux y sont tombés au nom de la liberté ; ils ont permis de chasser hors de France et d’Europe l’envahisseur ennemi qui n’avait pour idéal que les valeurs de haine prônées par le Parti national-socialiste allemand.
La mise en spectacle de ces évènements sur, ou à proximité, des lieux de mémoire et de recueillement ainsi que la volonté affichée d’une dimension commerciale, sont pour nous profondément choquantes, tant pour des raisons historiques qu’éthiques. Elles vont à l’encontre du message transmis par nos pères et grands-pères, fait d’une grande pudeur et de sobriété dans l’évocation des combats. Leur message ne cherchait jamais à nous « faire revivre » les évènements.
Nous sommes conscients que la transmission du savoir et de la mémoire de cette période de l’histoire pour les publics du XXIe siècle oblige sans doute à adapter les modes de médiation. Mais cela ne peut en aucun cas se faire sur un mode spectaculaire, festif et commercial au détriment des exigences de la connaissance historique, de la mémoire et du respect. Ni le sensationnalisme ni le mercantilisme ne sauraient avoir leur place ici.
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