« Nous assistons à une infiltration de la droite par la radicalité et l’extrémisme »

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Dans une tribune au « Monde », les géographes Sylvain Kahn et Jacques Lévy analysent la percée des nationalistes aux européennes et détaillent la manière dont ceux-ci ont réussi à asphyxier la droite traditionnelle.

Publié aujourd’hui à 01h54 Temps de Lecture 8 min.

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Les élections européennes rendent clair un changement majeur jusqu’alors masqué : la mutation de la droite. Depuis dix ans, face au score des droites radicales ultraconservatrices et extrêmes en Hongrie et en Pologne, beaucoup se rassuraient en imaginant que le populisme était une spécificité des pays d’Europe de l’Est. Lorsque les droites radicales et extrêmes ont également réalisé des scores notables en Europe de l’Ouest, d’autres ont voulu y voir l’échec de la social-démocratie à s’adresser à l’électorat populaire.

Avec les résultats des européennes, on voit bien que l’installation des droites radicales dans le paysage politique européen se fait avant tout au détriment de la droite classique, conservatrice et démocrate-chrétienne, dont Angela Merkel, Jean-Claude Juncker, Donald Tusk, Leo Varadkar, Theresa May ou Mariano Rajoy sont des figures familières. Les votes français et britannique – chute autour de 10 % pour Les Républicains (LR) et les tories, première place pour le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella et le Brexit Party de Nigel Farage – ne sont pas des cas particuliers mais, au contraire, emblématiques.

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Au-delà des variations nationales, le grand eurogroupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE, démocrates-chrétiens, centre droit et conservateurs modérés) subit en effet plus qu’une érosion : un affaissement historique. S’il demeure le premier des groupes dans le nouveau Parlement, il passe de 30 % à moins de 25 % des sièges. Dans le même temps, les eurodéputés de la famille des droites extrêmes obtiennent plus de 170 sièges, soit un nombre presque identique. Ces dernières passent ainsi d’un cinquième des sièges (un peu plus de 150 élus) dans le Parlement sortant à près d’un quart dans le Parlement élu en mai (environ 175). Ce à quoi nous assistons depuis une décennie est non pas un raz-de-marée, mais une infiltration de la droite par la radicalité et l’extrémisme.

Points de convergence

On insiste souvent sur les divisions dans cette nébuleuse des droites radicales et extrêmes européenne. A Strasbourg, elle se répartit en trois groupes : CRE, ultraconservateur et souverainiste ; ELDD, antisystème et antiélites ; ENL, extrême droite. Ceux du Nord vantent le sérieux budgétaire quand ceux du Sud préfèrent le déficit des comptes publics. Ceux du Sud en appellent à une répartition des demandeurs d’asile ayant déjà mis pied en Europe que refusent ceux de tous les autres pays. Certains en appellent à Poutine (la Ligue italienne, le Fidesz hongrois, les Vrais Finlandais), d’autres (le PiS polonais, les Démocrates suédois) le voient comme une menace.

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