Nirmal Hurry: «Il a fallu que Kaya meure pour qu’il ait la reconnaissance qu’il mérite»

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L’artiste Nirmal Hurry.

L’artiste Nirmal Hurry.

Rendre hommage à Kaya à Résidence Mère Teresa, à Triolet. Vingt ans après les émeutes et les maisons qui y avaient été incendiées, Projet de Société en partenariat avec l’ONG Safire dévoileront sur place, ce samedi 23 février, une sculpture réalisée par l’artiste Nirmal Hurry.

Présentez-nous l’œuvre que vous avez réalisée dans le cadre des efforts d’embellissement de Résidence Mère Teresa, par Projet de Société et l’organisation non gouvernementale (ONG) Safire.

C’est Malenn Oodiah qui m’a proposé ce projet. Il m’a dit qu’il avait deux fanaux (NdlR, des lanternes anciennes) qu’il souhaitait intégrer dans une œuvre rendant hommage à Kaya. La proposition était de s’inspirer de la chanson Sime lalimier (NdlR, qui est aussi le titre du projet de société). J’ai créé un personnage avec des dreadlocks, qui ressemble à Kaya, qui tient les deux fanaux. Sauf qu’il est à l’envers, la tête en bas. Les dreadlocks sont comme des racines qui s’enfoncent dans la terre. C’est pour dire que même si Kaya est mort, ses cheveux représentent la philosophie rasta enracinée dan later Moris.

La sculpture est en béton recouvert de carreaux majoritairement de couleurs or et argent. C’est symbolique de la valeur de l’artiste. Ces carreaux, les enfants de Résidence Mère Teresa m’ont aidé à les poser. L’œuvre leur appartient. Les enfants ont aussi pour responsabilité d’allumer les fanaux tous les soirs.

Vous êtes un artiste qui rend hommage à un autre artiste. Quelle est la portée de ce projet ?

Li inportan donn valer ti-dimounn. Kaya, de son vivant, était quelqu’un à qui on n’accordait pas autant de valeur. Il a fallu qu’il meure pour qu’il ait la reconnaissance qu’il mérite.

Vous avez déjà réalisé des œuvres pour des lieux publics : la fontaine du Plaza, une sculpture au Caudan, l’arbre à chaussures à l’Institut français de Maurice. Cette œuvre à Résidence Mère Teresa a un sens particulier ?

Cette œuvre est différente. Kaya m’a permis d’être en contact avec les gens, de vrais Mauriciens. Ceux qui ne fréquentent pas les galeries et les expositions.

Résidence Mère Teresa s’ouvre à «sime lalimier»

Il y a 20 ans, lors des émeutes de 1999, Résidence Mère Teresa, à Triolet, n’a pas échappé aux violences. Et en ce mois de février où sont commémorés les 20 ans de la mort de Kaya, cette localité sera, elle aussi, de la fête. Aujourd’hui, aura lieu une marche des enfants, menée par Menwar. Celle-ci culminera avec le dévoilement de la sculpture de Nirmal Hurry, intitulée «sime lalimier», à 18 h 30.

«Les événements qui ont suivi le décès de Kaya témoignaient d’une ‘révolte des exclus’ qui a dérapé et mis à mal le vivre-ensemble mauricien. Résidence Mère Teresa, à Triolet, a été l’une de ces localités qui ont connu des moments difficiles», souligne Malenn Oodiah pour expliquer ce projet de société, mené en collaboration avec l’ONG Safire, qui s’occupe des enfants des rues. De préciser qu’il y a eu des échanges avec des résidents, l’initiative s’inscrivant dans une approche participative et collaborative.

«Nous avons voulu célébrer le philosophe qu’était Kaya et les paroles de ‘sime lalimier’», ajoute Malen Oodiah. Ce projet a quatre volets. En premier lieu, le dévoilement de la sculpture de Nirmal Hurry. Deuxièmement, le street art afin d’embellir l’endroit. Troisièmement, des arbres seront plantés pour rendre la localité plus verte. Et, finalement, des plantes et légumes seront mis en terre dans le cadre d’un projet ‘zardindrome’».


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