« N’insultons pas les Allemands de l’Est qui ont délibérément choisi d’enterrer leur pays »

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Certains en France estiment que l’Allemagne de l’Est a été annexée par la RFA après la chute du Mur. L’auteure franco-allemande Géraldine Schwarz estime dans une tribune au « Monde » qu’une telle lecture des événements oublie le vent de liberté qui a alors soufflé.

Publié aujourd’hui à 14h51, mis à jour à 15h06 Temps de Lecture 5 min.

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« Ce sont les Allemands de l’Est qui en mars 1990, lors des premières élections libres de RDA, choisirent à plus de 40 % la disparition de leur pays. » Photo :  mur de Berlin.
« Ce sont les Allemands de l’Est qui en mars 1990, lors des premières élections libres de RDA, choisirent à plus de 40 % la disparition de leur pays. » Photo :  mur de Berlin. Philippe Turpin / Photononstop

Tribune. Lorsque le mur est tombé, j’avais 14 ans. Avec mon père, un Allemand de l’Ouest, et ma mère, une Française, nous avons pleuré devant les scènes d’Allemands de l’Est libérés d’un pays qu’ils n’avaient pas choisi. La RDA continua d’exister pendant presque un an puis disparut avec la Réunification.

Traiter ce processus d’« Annexion », comme je l’ai plusieurs fois entendu en France, c’est faire insulte aux Allemands de l’Est qui ont délibérément choisi d’enterrer leur pays. C’est les infantiliser au lieu de leur rendre leur rôle et leur responsabilité dans l’Histoire.

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Ce sont les Allemands de l’Est qui en mars 1990, lors des premières élections libres de RDA choisirent à plus de 40 % la disparition de leur pays. La plupart des leaders de la révolution de 1989 déconseillaient une réunification précipitée et prônaient de d’abord réformer la RDA. Mais la population, privée de libertés et de confort matériel pendant quarante ans, aspirait clairement au modèle occidental. Et au Deutsche Mark. Ils commencèrent à s’exiler en masse vers la RFA. Sans la perspective d’une réunification rapide, la RDA se serait vidée de ses habitants.

Ce rejet radical donne la mesure de la souffrance endurée sous une dictature qui enfermait ses citoyens dans une bulle idéologique où il était interdit de penser, de parler, d’écrire, de créer librement, de critiquer, de voyager, de choisir ses lectures et sa musique. Certes, l’Etat garantissait un emploi, mais beaucoup étaient non productifs et maintenus artificiellement au prix de subventions de sorte que l’économie était au bord de l’implosion lorsque le Mur est tombé.

L’Etat communiste exerçait une terreur psychologique

Le tout-puissant parti communiste SED mentait à ses citoyens et trahissait son idéal de société sans classes. La discrimination régnait dans l’accès aux études, aux biens de consommation, aux logements et aux hôpitaux. Il valait mieux être membre du parti et paysan ou ouvrier plutôt que pasteur ou intellectuel.

Mais surtout l’Etat communiste exerçait une terreur psychologique avec un appareil d’espionnage tentaculaire, la Stasi, qui recrutait des centaines de milliers d’informateurs au sein même de la société. Combien de familles, d’amitiés, de vies furent brisées ? Combien d’innocents jetés en prison ? Combien de jeunes tués au pied du Mur pour avoir voulu fuir à l’Ouest ?

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Minimiser cette violence, réécrire l’histoire, rendre hommage à des dictateurs comme Fidel Castro ou faire l’apologie du communisme sans jamais avoir quitté sa bulle de confort occidental, c’est offenser gravement les victimes des dictatures communistes, à commencer par nos concitoyens d’Europe de l’Est.

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