Neom, la méga-cité futuriste de MBS, ne fait pas rêver tous les Saoudiens

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La région de Neom où MBS veut construire une mégalopole trente fois plus grande que New York.
La région de Neom où MBS veut construire une mégalopole trente fois plus grande que New York. FRANCK FIFE / AFP

LETTRE DE BEYROUTH

C’est une vidéo en forme de testament, apparue le 12 avril sur Twitter. Le Saoudien Abdel Rahim Al-Huwaïti l’a enregistrée sur le toit de sa maison, dans le village d’Al-Khurayba, sur la côte de la mer Rouge, dans le coin nord-ouest du royaume. Le visage soucieux, la voix fatiguée, l’homme s’insurge contre la disparition programmée de cette bourgade pauvre, coincée entre les vagues du golfe d’Akaba et les sables du désert.

Moyennant compensation, tous ses habitants ont été sommés d’abandonner leur terre, pour faire place à Neom, la cité futuriste à 500 milliards de dollars (462 milliards d’euros), que le prince héritier Mohammed Ben Salman, l’homme fort de Riyad, entend bâtir dans cette région reculée. Et tant pis si les avis d’expulsion tombent en pleine épidémie de Covid-19, qui a fait plus de 100 morts en Arabie saoudite.

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« C’est du terrorisme d’Etat, se lamente le villageois à la barbe broussailleuse, coiffé d’un turban orange. Je suis contre le déplacement forcé des gens. Je ne veux pas partir, je ne veux pas de compensation, je veux juste rester dans ma maison. » Bien conscient de franchir une ligne rouge, l’Arabie d’aujourd’hui n’ayant aucune tolérance pour l’expression d’opinions contraires à la ligne officielle, Abdel Rahim Al-Huwaïti ajoute sur un ton prescient. « Je ne serais pas surpris qu’ils viennent me tuer, dans ma maison, qu’ils y jettent des armes et qu’ils me qualifient de terroriste… C’est ma maison et je la protégerai. »

Un jour plus tard, le rebelle d’Al-Khurayba périssait dans l’intervention des forces de sécurité, venues l’arrêter à son domicile. Les autorités affirment que les policiers ont dû se défendre après avoir été la cible de coups de feu et assurent, à l’appui de leurs dires, que des armes ont été découvertes sur place. Les proches du défunt et des organisations de défense des droits de l’homme, faisant valoir que la possession d’armes est chose ordinaire dans ces régions tribales, parlent d’un assassinat extrajudiciaire. Une manière de faire taire un gêneur et d’adresser un avertissement à une communauté un peu trop remuante.

La fronde des Howeïtat

Car derrière Abdel Rahim Al-Huwaïti, désormais présenté comme le « martyr de Neom », c’est toute une partie de sa tribu, les Howeïtat, qui refuse d’être sacrifiée au projet pharaonique de Mohammed Ben Salman, dit « MBS », le fils du roi. La fronde de ce clan qui compte des dizaines de milliers de membres, répartis entre le nord de l’Arabie saoudite, le sud de la Jordanie et le Sinaï égyptien, est apparue au grand jour, dans une vidéo du mois de janvier. On y voyait plusieurs de ses membres, dans une discussion très agitée avec un émissaire du dauphin saoudien, expliquer qu’ils refusaient les offres de dédommagement du pouvoir et qu’ils insistaient pour rester sur leurs terres ancestrales.

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