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Aujourd’hui, cela fait quatre ans que vous avez été arrêté. Quel est votre sentiment en ce 6 février 2019 ?
Il y a eu un grand complot pour m’abattre politiquement. Il y avait 11 charges retenues contre moi, notamment pour trafic d’influence et corruption. On a forcé des fonctionnaires à m’accuser. Aujourd’hui, il ne reste que deux procès en cours et il est inapproprié pour moi de faire des commentaires. Et aussi par élégance envers le judiciaire, je ne dirai rien sur ces deux procès.
J’ai appris qu’il y aura d’autres complots contre moi, et cela, avec la complicité de l’Attorney General. Mais j’ai confiance en le judiciaire, qui pour moi est indépendant et impartial. Je suis serein et je sais que la justice divine finira par triompher.
Comment avezvous vécu ces quatres dernières années ?
Vous savez, il n’y a rien qui me fait peur. Je fais face à la vie comme elle vient. J’étais et je suis toujours en contact avec le peuple.
Et l’autre constat est qu’on ne vous voit pas dans des réceptions lors des événements nationaux ?
Je ne vois aucune utilité d’assister à ces fêtes. Je suis plus proche du peuple. Et aussi, j’évite ces gens qui veulent me faire du tort. Il y a beaucoup d’hypocrisie de leur part.
Et pendant plus de quatre ans, vous n’avez pas quitté le pays. Les voyages ne vous manquent-ils pas ?
Ils ont voulu que je ne voyage pas. Donc, je ne pars pas pour l’étranger. Cela ne me manque pas. Je suis sûr que si je fais une demande pour voyager, la Cour ne me refusera pas. Mais ils m’en ont empêché et cela ne m’affecte pas. C’est la vie, je la prends comme telle.
Les élections sont prévues dans 14 mois au plus tard. Êtes-vous confiant en une victoire ?
Les élections arriveront avant. Les Mauriciens peuvent faire la comparaison quand je dirigeais le gouvernement et la façon dont le pays est administré actuellement. Si lépep pa pé trouvé aster la, zot pa pou trouvé zamé.
Si vous prenez le pouvoir, chercherezvous à vous venger des Jugnauth ?
Écoutez, je l’ai déjà dit et le répète, le pays n’a pas besoin qu’une telle situation perdure. Le pays a besoin d’un nouveau souffle. Il doit redémarrer. L’affaire BAI, Betamax ou encore City Power ont causé beaucoup de tort à notre île. Dans quel pays a-t-on vu l’arrestation d’un ancien Gouverneur de la Banque centrale et quelques mois après, toutes les accusations retenues contre lui ont été rayées.
Imaginez le tort causé au pays ?
Quatre ans après son arrestation: le leader rouge pourra-t-il reconquérir son électorat ?
L’Image d’un Navin Ramgoolam «débraillé», la chemise déchirée, conduit au poste de police est restée dans la mémoire collective. De même que ses coffresforts remplis de billets. C’est le 6 février 2015, deux mois après les élections générales. Quatre ans après, le lion qu’on croyait mort et enterré tente de faire son come-back.
Un regain de forme qu’il doit en grande partie à l’alliance au pouvoir. Pour des observateurs politiques, «c’est non seulement du sérum que le gouvernement donne à Navin Ramgoolam, mais également des vitamines !» Sur les 11 procès qui lui ont été intentés, il n’en reste désormais plus que deux : l’affaire Roches-Noires et l’affaire des fameux coffres-forts contenant Rs 220 millions.
À ce jour, il s’agit, semble-t-il, des seuls obstacles qui se dressent sur sa route pour reconquérir le pouvoir. Reste à voir si le leader du PTr pourra se relever politiquement après ces quatre dernières années de va-et-vient entre les Casernes centrales et le tribunal.
À en croire Ram Seegobin, dirigeant de Lalit, la réponse est oui. Il explique que si son arrestation a été un coup dur, Navin Ramgoolam a pu regagner du terrain au cours de ces quatre dernières années. «C’est l’équipe au pouvoir qui a donné à Navin Ramgoolam un certain regain de popularité. Pravind Jugnauth et son équipe sont tellement acculés dans des scandales que les offenses légales de Navin Ramgoolam sont comparables à leurs frasques.»
Et puis, ajoute Ram Seegobin, «qu’est-ce que Navin Ramgoolam a pu faire de pire que ce ministre qui a dit en public que s’il était en possession d’un revolver il tuerait le leader de l’opposition ?» Référence est faite à Showkutally Soodhun qui, en juillet 2017, lors d’un événement public, a menacé Xavier-Luc Duval. Des propos qui lui ont d’ailleurs valu d’être traîné en justice par le Directeur des poursuites publiques.
Les résultats de la partielle de décembre 2017 dans la circonscription n°18, Belle-Rose–Quatre-Bornes, montre clairement que le PTr est sur une pente ascendante, poursuit Ram Seegobin. «Une condamnation de Pravind Jugnauth par le Privy Council donnera aussi une autre occasion à Navin Ramgoolam de se relancer et d’être dans une position de force pour la reconquête du pouvoir.»
Mais encore faut-il que le leader du PTr s’en sorte dans les deux derniers procès qui lui sont intentés. «Bien qu’il y avait Rs 220 millions sonnantes et trébuchantes dans les coffresforts de Navin Ramgoolam, les charges auxquelles il fait face aujourd’hui sont assez minimes. Il n’est poursuivi que sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, soit pour des transactions en liquide de plus de Rs 500 000», rappelle Ram Seegobin.
Quant à l’affaire Roches-Noires, «la police compte surtout sur Rakesh Gooljaury pour prouver qu’il y a eu entrave à une enquête», fait ressortir le dirigeant de Lalit. Le fait est qu’«il y a une grande possibilité que ces deux procès ne se terminent pas avant les prochaines élections générales». Ce qui fait, estime Ram Seegobin, que «Navin Ramgoolam aura toutes les chances de son côté pour affronter l’électorat».
Même son de cloche du côté de Faizal Jeeroburkhan, de Think Mauritius. Il y a quatre ans, Navin Ramgoolam avait perdu sa crédibilité en tant qu’homme et leader politique. Mais il n’a jamais lâché. Il s’est accroché et c’est justement grâce à cette résilience qu’il a su remonter la pente, dit Faizal Jeeroburkhan. «Ce n’est pas quelqu’un qui a des remords comme c’est le cas pour beaucoup de politiciens.»
Le leader du PTr a également pu compter sur son bureau politique et les die-hard rouges. «Certes, il y a eu une tentative, timide je dirais, pour qu’il cède le leadership, mais Ramgoolam a pu contrer ces contestataires et est toujours là. Pour moi, la raison est simple : ils sont nombreux à savoir que l’obtention d’un ticket électoral repose sur Navin Ramgoolam, d’où leur fidélité envers lui.» Reste que la reconquête du pouvoir aurait été plus ardue si ce n’était pour l’impopularité de l’alliance Lepep, reconnaît Faizal Jeeroburkhan.
Et qu’en pense l’ancien speaker Ajay Daby ? Il est fort possible, souligne-t-il, que les deux procès intentés à Navin Ramgoolam durent au-delà des élections générales. «Est-ce que cela causera problème à Navin Ramgoolam de briguer les élections ? Pravind Jugnauth l’a fait avant lui.»
Et «il n’est pas à écarter que l’affaire ira au Privy Council comme cela a été le cas de Pravind Jugnauth», argue-t-il. Et c’est peut-être sur ce point que les choses pourraient se corser pour Navin Ramgoolam. «C’est certain qu’une partie de l’électorat ne souhaitera pas revivre une situation où l’avenir d’un Premier ministre dépend de la justice.»
Il garde la clé du PTr
Si Navin Ramgoolam a pu conserver son leadership, il le doit en particulier à la vieille garde du PTr, dont d’anciens ministres. L’ancien Premier ministre a fait en sorte qu’il ait leur soutien au sein du comité exécutif. Les anciens, fait-on comprendre, craignaient que l’absence de Navin Ramgoolam à la tête du parti signerait la fin de leur carrière politique. D’où leur présence à ses côtés. Arvin Boolell a pourtant bien essayé de l’évincer. «Navin Ramgoolam sait que le parti le dépasse, que le parti passe avant tout. Je connais son esprit de sacrifice.» Lors d’un meeting, le 1er mai 2015, le porte-parole du PTr réclame de Navin Ramgoolam qu’il «step down» et «nous laisse travailler». Mais c’est mal connaître le leader rouge. Alors qu’Arvin Boolell se rend à un comité exécutif au Square Guy Rozemont, il est hué par des fidèles de l’ancien Premier ministre le 12 mai 2015. Ce dernier s’est même présenté à la réunion alors qu’il avait annoncé son retrait temporaire. Depuis, le leader du PTr a repris la main. «Tout s’est bien déroulé. Nous avons aplani tous les problèmes, tout a été réglé», répond Arvin Boolell à «l’express» le 19 mai après une réunion avec Navin Ramgoolam. Et même Shakeel Mohamed, qui disait alors que tout le monde pouvait aspirer à devenir leader du PTr, a fini par se ranger derrière lui.
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