Mugabe est mort : sa vie en images, les dates-clés de sa carrière politique, les controverses…

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Celui qui a dirigé le Zimbabwe d’une main de fer de 1980 à 2017 n’est plus. L’ancien président zimbabwéen, Robert Mugabe, est décédé à l’âge de 95 ans, a annoncé ce vendredi le chef de l’Etat Emmerson Mnangagwa.

De héros à despote. C’est ainsi qu’on peut résumer la carrière politique de Robert Mugabe. Pendant son règne de trente-sept ans à la tête du Zimbabwe jusqu’à sa chute en 2017, Robert Mugabe, décédé à l’âge de 95 ans, est passé du statut de héros de l’indépendance et ami de l’Occident à celui de tyran qui a provoqué l’effondrement économique de son pays.

L’ancien chef de l’Etat est décédé dans un hôpital de Singapour, selon le gouvernement sud-africain qui a salué le «combattant de la libération, panafricain et courageux». Robert Mugabe séjournait régulièrement à Singapour pour des raisons médicales.

«C’est avec la plus grande tristesse que j’annonce le décès du père fondateur du Zimbabwe et de l’ancien président, le commandant Robert Mugabe», a déclaré le chef de l’Etat Emmerson Mnangagwa dans un tweet.

L’ex-président du Zimbabwe est une figure très connue à Maurice. On se souvient de sa visite chez nous en marge de l’African Economic Platform en mars 2017 à l’hôtel Westin Turtle Bay à Balaclava. 

Robert Mugabe était toujours l’homme fort du Zimbabwe lorsqu’il était venu à Maurice. 
Il avait foulé le sol mauricien à 18h35 le 19 mars 2017.

C’est à bord de son jet privé que Robert Mugabe, 93 ans, était arrivé à Maurice. Il avait été accueilli par le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, au State Lounge.

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Pravind Jugnauth en tête à tête avec Robert Mugabe à Maurice en mars 2017

Pour mieux comprendre comment Robert Mugabe était arrivé à la tête de son pays, voici un reportage diffusé par la BBC :


Voici les grandes dates de Robert Mugabe, dont la mort à 95 ans a été annoncée vendredi et qui a dirigé le Zimbabwe d’une main de fer pendant 37 ans.

  • 21 février 1924 : naissance à Kutama (ouest de Salisbury, devenu Harare) dans une famille de paysans.
  • 1960 : après des années à l’étranger, il rentre en Rhodésie et s’engage au sein du Parti national démocratique (NPD). Après son interdiction, il adhère à l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) de Joshua Nkomo, avant de fonder avec des dissidents la ZANU (Union nationale africaine du Zimbabwe)
  • 1964-74 : Emprisonnement de Mugabe. Libéré, il prend la direction de la ZANU (interdite) et mène, avec la ZAPU de Joshua Nkomo, la lutte armée contre le régime blanc de Ian Smith. La guerre de 1972 à 1979 fait 27.000 morts.
  • 18 avril 1980 : indépendance de la Rhodésie, rebaptisée Zimbabwe. Mugabe est Premier ministre et son partenaire de lutte, Joshua Nkomo, ministre de l’Intérieur.
  • 17 février 1982 : limogeage de Nkomo, accusé de complot. Une dissidence armée dans le Matabeleland (ouest), son fief, provoque une sanglante répression (20.000 morts). 
  • 30 décembre 1987 : Mugabe devient chef de l’Etat après une révision de la Constitution. 
  • février 2000 : rejet d’un projet de Constitution, qui devait renforcer ses pouvoirs. Il laisse les vétérans de la guerre d’indépendance exproprier plus de 4.000 fermiers blancs.
  • mars 2008 : l’opposant Morgan Tsvangirai le devance au 1er tour de la présidentielle, mais renonce après des violences contre ses partisans. Mugabe est réélu en juin, ainsi qu’en 2013.
  • décembre 2014 : reconduit à la tête du parti au pouvoir, il intronise Grace, épousée en secondes noces en août 1996, à la présidence de sa puissante Ligue féminine et effectue une vaste purge. 
  • 15 novembre 2017 : l’armée, opposée au limogeage du vice-président Emmerson Mnangagwa, dauphin présumé, prend le contrôle de la capitale. Mugabe se dit détenu à son domicile.
  • 6 septembre 2019 : la présidence annonce la mort de Mugabe à 95 ans.

Sa vie en images : 

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Robert Mugabe est né en 1924 (Crédit photo : https://www.thetimes.co.uk)

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Le jeune Robert Mugabe. Photo prise en 1953. Crédit photo : https://twitter.com/wrong_celebs

 

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Il a épousé Sally Hayfron en 1961 (Crédit photo : Robert Mugabe est né en 1924 (Crédit photo : https://www.thetimes.co.uk)
 
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Robert Mugabe a dirigé le Zimbabwe d’une main de fer entre 1980 et 2017 (Crédit photo : Nayar/AP/The Guardian)

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Robert Mugabe à l’occasion de ses 91 ans (Crédit photo : https://www.independent.co.uk)

Voici le règne de Robert  Mugabe en chiffres 

37 ans années de règne sans partage. C’est le nombre d’années passées par Robert Mugabe à la tête de son pays. C’est un coup de force qui a chassé du pouvoir le vieux dirigeant en novembre 2017.

Son bilan en chiffres :

Espérance de vie

Lorsque Robert Mugabe prend les rênes de l’ancienne colonie britannique en 1980, l’espérance de vie moyenne à la naissance de ses compatriotes atteint 59,3 ans. Elle progresse jusqu’à 61,9 ans en 1986, selon la Banque mondiale. 

En 2002, elle dégringole de plus de vingt ans à 40,6 ans. Quatre ans plus tard, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue même l’espérance de vie à 34 ans pour les femmes et 37 pour les hommes, la plus faible de toute la planète.

L’épidémie de sida, l’effondrement du système de santé et le déclin de l’économie, notamment de l’agriculture après la campagne de confiscation des terres tenues par les Blancs, sont régulièrement cités pour expliquer ces chiffres catastrophiques.

L’espérance de vie est largement remontée depuis, à 60,7 ans selon l’OMS, largement grâce à l’aide internationale.

SOURCES:
http://apps.who.int/gho/data/node.sdg.le-1-map?lang=en
http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.LE00.IN?view=chart

Croissance du PIB

Le produit intérieur brut (PIB) zimbabwéen a alterné les plus hauts et les très bas pendant l’ère Mugabe, symbole des infortunes mais aussi du potentiel de l’économie locale.

1980: +14.4%

1992: -9%

1996: +10%

2003: -16.9%

2008: -17.6%

2011: +11.9%

2015: +0.4%

Selon l’agence Bloomberg, l’activité économique a diminué de moitié depuis 2000.

SOURCE : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.KD.ZG?view=chart

Epidémie de sida

Le taux d’infection par le virus VIH a atteint son niveau maximal en 1996. Il frappait alors plus du quart (26%) de la population du pays âgée de 15 à 49 ans. Grâce à l’aide internationale, il est retombé à 14,7% en 2015.

Le Zimbabwe conserve toutefois la 5e place mondiale des pays d’Afrique subsaharienne les plus affectés par la maladie, avec 1,4 million de malades dont 77.000 enfants.

En 2015, 84% des femmes enceintes porteuses du virus ont pu bénéficier d’un traitement antirétroviral empêchant la contamination de leur enfant à naître.

L’importance des relations sexuelles entre les hommes âgés et les jeunes filles (sugar daddy) constitue toujours une menace pour la santé des jeunes femmes, selon l’ONG avert.org.

Corruption

Le Zimbabwe figure chaque année en queue du classement de la perception de la corruption établi par Transparency International, à la 154e place sur 176 pays évalués dans sa dernière livraison.

Selon l’ONG, ce phénomène s’étale dans le pays de la «petite corruption bureaucratique et politique au bas de l’échelle à celle impliquant les plus hauts responsables de l’Etat».

«Le système de patronage politique profondément enraciné, l’emprise du parti au pouvoir sur les forces de sécurité et le passé de violence politique, de répression et de manipulation” contribuent à prolonger la culture de la corruption.

SOURCE : https://transparency-france.org/project/indice-de-perception-de-la-corruption-2016/

Liberté de la presse

Le Zimbabwe est l’un des pays les moins accueillants en termes de liberté de la presse et des médias. En 2016, il pointait au 124e rang mondial dans le classement de 181 pays publié par Reporters sans frontières (RSF).

RSF souligne que le gouvernement contrôle les deux principaux quotidiens du pays, toutes les radios et toutes les chaînes de télévision. De nombreux journalistes étrangers ont été arrêtés puis expulsés du pays ces dernières années.

La carrière de Robert Mugabe a été aussi marquée par de nombreuses controverses. Voici les principales controverses qui ont rythmé son long règne:

Les massacres de «Gukurahundi»

L’unité de la rébellion qui a combattu les colons britanniques n’a pas fait long feu. Dès 1982, Robert Mugabe règle ses comptes avec son principal frère d’armes devenu rival, Joshua Nkomo.

Composée en majorité de soldats d’ethnie shona, celle du nouveau Premier ministre, la 5e brigade de l’armée du nouveau Zimbabwe, entraînée par la Corée du Nord, lance l’offensive contre les “dissidents” de la province du Matabeleland (ouest).

Bastonnades, exécutions de masses, récoltes et villages brûlés, l’opération baptisée Gukurahandi, littéralement «la pluie qui disperse la paille avant la pluie de printemps» en langue shona, tourne au massacre de masse.

Selon les sources, jusqu’à 20.000 civils sont tués, pour la plupart d’ethnie ndebele comme Joshua Nkomo.

«Ne pleurez pas si vos proches sont tués», justifiera alors Robert Mugabe, «quand des hommes et des femmes nourrissent les dissidents, nous les débusquons et nous les massacrons».

Les expropriations

En 2000, des hommes armés de machettes commencent à envahir les fermes des paysans blancs dans tout le Zimbabwe.

Nourris, transportés et payés par le gouvernement, ces groupes, officiellement présentés comme des vétérans de la guerre d’indépendance, s’installent dans les exploitations et en chassent les propriétaires. Certains sont blessés, d’autres tués.

Leurs recours devant la justice zimbabwéenne sont systématiquement rejetés. Robert Mugabe défend ces expropriations sauvages au nom des droits de la majorité noire.
Les conséquences du mouvement sont terribles.

Faute de moyens et par manque de formation de leurs nouveaux occupants, de nombreuses fermes sont laissées à l’abandon, les récoltes chutent et le Zimbabwe, jadis considéré comme le grenier à blé de l’Afrique australe, connaît ses premières famines.

L’hyperinflation

L’effondrement du secteur agricole fait plonger le pays dans une crise économique à laquelle le régime réagit en faisant tourner frénétiquement sa planche à billets.

La valeur du dollar zimbabwéen dégringole et l’inflation s’envole jusqu’à des taux délirants de 500 milliards de pour cents. Dans les boulangeries, le tout nouveau billet de 100.000 millions de dollars suffit à peine à acheter une miche de pain…

En 2009, le gouvernement est contraint d’abandonner son dollar pour le billet vert américain mais le pays est ruiné, l’épargne s’est volatilisée, les investisseurs étrangers ont pris la fuite et des millions de Zimbabwéens la route de l’exil.

Aujourd’hui encore, le pays reste profondément affecté par cette période. Près de 90% de la population active est officiellement au chômage et 80% du budget de l’Etat sert à payer, souvent avec retard, ses fonctionnaires.

Pour pallier la pénurie de dollars américains, le régime a émis l’an dernier des «billets d’obligation» mais cette monnaie qui ne dit pas son nom remporte un faible succès et a ravivé dans la population le spectre de l’hyperinflation des années 2000.

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Robert Mugabe dans les années 80′ (Crédit photo :  Patrick Durand/Sygma/Corbis/The Guardian)

Fraude électorale

Depuis 1980, pas un seul scrutin n’a échappé aux accusations de fraude lancées par l’opposition.

Non content de réprimer sévèrement la moindre forme de contestation de rue, Robert Mugabe est soupçonné d’avoir systématiquement bourré les urnes pour assurer ses réélections.

L’élection présidentielle de 2008 est un cas d’école. Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) proclame la victoire de son candidat Morgan Tsvangirai dès le premier tour, mais la commission électorale convoque les électeurs pour un second tour pour cause de résultats trop serrés.

La vague de violences déclenchée par le parti au pouvoir est telle – au moins 200 morts – que M. Tsvangirai préfère renoncer pour éviter un bain de sang. L’opposition fait officiellement son entrée au gouvernement mais M. Mugabe garde le contrôle du pouvoir.

En 2013, le chef de l’Etat est réélu pour un nouveau mandat et son parti décroche, sans surprise, la majorité absolue des sièges au Parlement au terme d’un scrutin dont tous les observateurs étrangers ont été soigneusement écartés.

Dans un rapport, l’ONG Human Rights Watch dénoncera la participation au scrutin d’électeurs fantômes et même de morts…

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Robert Mugabe avec son épouse en 1980 (Crédit photo : Louise Gubb/AP/The Guardian)

EVICTION

Fin 2017, à la suite d’un coup de force de l’armée soutenu par son parti, la Zanu-PF, le plus vieux chef de l’Etat en exercice de la planète à l’époque est alors contraint de démissionner. Il laisse un pays englué dans une profonde crise économique qui ne cesse aujourd’hui d’empirer.

Il a été remplacé à la tête du pays par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qu’il avait limogé peu de temps auparavant.

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Ainsi s’achève le parcours de Robert Mugabe. 

Avec AFP


 
 



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Defi Media

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