Mort de la démocratie en Turquie, à qui la faute ?

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Des chercheurs attribuent le recul des libertés au président turc Erdogan autant qu’au prédicateur en exil, Fethullah Gülen, son ancien allié devenu sa bête noire.

Par Marie Jégo Publié aujourd’hui à 03h43

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Rassemblement pour la liberté de la presse à Istanbul, en mai 2017.
Rassemblement pour la liberté de la presse à Istanbul, en mai 2017. OZAN KOSE / AFP

LETTRE D’ISTANBUL

Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les réformes démocratiques ont fait long feu en Turquie, où des intellectuels, des magistrats, des journalistes, des militants des droits de l’homme continuent d’être lourdement condamnés, qui pour un message, qui pour un article, ou, dans le cas du quotidien anciennement d’opposition Cumhuriyet, pour « un changement de ligne éditoriale ».

Quatorze anciens collaborateurs du journal, condamnés à des peines allant de deux ans à huit ans de prison, ont vu leurs sentences récemment confirmées en appel. « Je retourne en prison. Prenez bien soin de vous », a ironisé le caricaturiste Musa Kart dans un tweet.

Lire aussi En Turquie, les peines de prison de journalistes du quotidien d’opposition « Cumhuriyet » confirmées en appel

Quelques jours plus tard, la perpétuité a été requise contre l’homme d’affaires et mécène Osman Kavala, le militant et universitaire Yigit Aksakoglu, l’avocat Can Atalay et treize autres intellectuels, accusés d’avoir tenté de renverser le gouvernement en 2013. En cause, leur soutien aux manifestations anti-gouvernementales nées à Istanbul sous le nom de « Protestation de Gezi » et qui ensuite gagnèrent d’autres villes avant d’être réprimées.

« Harcèlement judiciaire »

Les ONG sont à bout. Dénonçant une « campagne d’intimidation », dix d’entre elles, dont Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International, ont poussé un cri d’alarme, mercredi 27 février, lors d’une conférence de presse à Istanbul.

Il est temps d’en finir avec « le harcèlement judiciaire » qui s’abat inexorablement sur la société civile. Accuser le mécène Osman Kavala d’avoir fomenté un putsch cinq ans après les faits « ne peut que saper la confiance dans le gouvernement », a déclaré Erol Onderoglu, le représentant de RSF en Turquie. A peine la conférence de presse terminée, il a dû filer au palais de justice de Caglayan pour la énième audience du procès qui lui est intenté, ainsi qu’à trente-huit autres personnes, pour leur soutien au journal prokurde Özgür Gündem aujourd’hui fermé.

Accusés d’« incitation au terrorisme », ils risquent jusqu’à quatorze années de prison. Parmi les observateurs présents à l’audience figurait Ahmet Sik, un journaliste d’investigation bien connu, élu récemment député sur la liste du Parti de la démocratie des peuples (HDP, prokurde). Le harcèlement judiciaire n’a pas de secret pour lui. Dans L’Armée de l’imam, un livre publié en 2011 et rapidement interdit, il avait dénoncé l’emprise sur les institutions, l’appareil judiciaire surtout, du prédicateur Fethullah Gülen, alors allié au numéro un turc Recep Tayyip Erdogan.

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