« Moi aussi j’ai flippé au début. Mais en vrai, ça va »

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Le centre de vacances de Carry-le-Rouet (le 1er février), où des Français de retour de Chine ont été placés en quarantaine.
Le centre de vacances de Carry-le-Rouet (le 1er février), où des Français de retour de Chine ont été placés en quarantaine. HECTOR RETAMAL / AFP

C’est un dimanche d’hiver méditerranéen presque classique dans le petit port de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône). Un temps doux, une mer calme, des promeneurs et leurs chiens, des enfants sur la plage. Seule anomalie dans cette carte postale : après avoir dépassé le port, la minuscule route qui permet habituellement de rejoindre le centre de vacances niché dans la pinède est bloquée par deux gendarmes. Plus loin, au niveau de la plage, un bateau de la gendarmerie maritime empêche aussi l’accès au club de vacances, nuit et jour. C’est là, perchés au-dessus de l’une des criques de la Côte bleue, que sont confinés depuis vendredi 31 janvier et pour deux semaines les 180 personnes rapatriées de Wuhan, foyer de l’épidémie de pneumonie causée par le coronavirus 2019-nCoV.

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Le vent de panique qui avait soufflé dans la station balnéaire semble s’être apaisé. Difficile de savoir si ce sont les propos rassurants du maire (LR), Jean Montagnac, et ceux du directeur de l’Agence régionale de santé, Philippe de Mester, ou le départ hâtif des quelques habitants très en colère qui ont calmé les esprits. Peut-être un peu des trois. C’est en tout cas l’avis de Cali Cavanelli, 50 ans, qui propose depuis trois jours du café aux gendarmes postés sur la petite route. La veille, son mari les avait invités pour boire un verre à la maison. « Au départ, quand je les ai vus se laver les mains, je lui ai dit : mais tu es fou, on ne sait pas s’ils n’ont pas des microbes ! Et puis j’ai réalisé que ça ne sert à rien. Il ne faut pas être insensible au malheur des autres. »

Des oursins en « geste de soutien »

« Ils ont le droit au repos. Qu’est-ce que vous voulez qu’il arrive ? », interroge Magalie, une voisine de 69 ans. Cette retraitée refuse tout de même de donner son nom de famille, par peur de représailles « de ceux qui sont vraiment remontés et qui n’apprécieraient pas qu’on dise que tout va bien ». Dès vendredi, la pharmacie de Carry-le-Rouet a été dévalisée de ses masques. Certains riverains regardaient d’un air méfiant les chiens, chats et tourterelles qui, eux, pourraient s’aventurer dans la zone de confinement. Lors de la réunion d’urgence organisée par la mairie dans une salle communale, vendredi soir, certains s’étaient insurgés que les rapatriés « ne soient pas plutôt parqués dans des bateaux », loin des terres.

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Mais dimanche, sur la plage, des familles s’installent comme tous les week-ends. Joëlle Botella et son fils, Tom Cavalier, restaurateurs sur le port, demandent l’autorisation de livrer un plateau d’oursins aux rapatriés « en geste de soutien ». La station fête le début de son « oursinade », un mois entier dédié au fruit de mer, une tradition vieille de soixante ans dans cet ancien village de pêcheurs. Les gendarmes se concertent, mère et fils attendent au volant de leur voiture – et le plateau finira par passer la barrière, avec un chaleureux « merci » des hommes postés à l’entrée. « Moi aussi, j’ai flippé, au début, concède Tom Cavalier. Mais en vrai, ça va. Ceux qui étaient à l’origine de la psychose sont partis. »

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