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Comme figé dans le froid et l’attente, le cœur de Minneapolis (Minnesota) a cessé de battre. Dans les larges avenues du centre-ville battu par un vent hivernal particulièrement hors de saison, seuls le vrombissement des visseuses et les coups sourds des marteaux troublent le silence. De loin en loin, des ouvriers s’affairent, protégeant les rares vitrines encore découvertes de larges panneaux en contreplaqué.
Face à la mairie aux faux airs de châtelet, de hauts grillages, des blocs de béton et des rouleaux de barbelés interdisent l’accès au tribunal de la ville, gardé par des soldats et des policiers. Dans les étages, se tient depuis trois semaines le procès de Derek Chauvin, le policier accusé du meurtre de George Floyd, dont la mort filmée en direct a suscité des manifestations à travers le monde au printemps 2020.
Les auditions se sont achevées jeudi 15 avril et les autorités redoutent des troubles à l’annonce du verdict, attendu avant la fin du mois. Le climat dans la ville et ses environs s’est encore tendu ces derniers jours, après la mort, dimanche, de Daunte Wright, un jeune métisse tué par une policière blanche lors d’un contrôle routier à Brooklyn Center, à quelques kilomètres de là.
L’issue de l’affaire reste incertaine
En dépit d’un procès à charge mené avec application par l’accusation contre M. Chauvin, l’issue de cette affaire hors normes reste incertaine, soumise à l’unanimité d’un jury de douze personnes. « Plusieurs hypothèses sont possibles : l’annulation du procès si l’unanimité n’est pas atteinte, une condamnation avec possibilité d’appel, un acquittement sans possibilité d’appel », explique David Schultz, professeur de droit à l’université du Minnesota.
Hors les murs du tribunal, en revanche, l’affaire est entendue. « Chauvin doit pourrir en prison, puis pourrir en enfer », proclame un graffiti à deux pas du bâtiment. Au sud de la ville, entre les fleurs et les bougies qui parsèment le coin d’asphalte où George Floyd est mort sous le genou du policier, une même certitude s’affiche.
« Un meurtre avec un badge [de policier] reste un meurtre », défend une pancarte posée contre un ours en peluche. « Chauvin est un meurtrier », proclament aussi des autocollants apposés dans le quartier. Cette conviction est partagée sans ambiguïté par Chloe Jackson, qui déambule, mercredi, entre les messages demandant « justice pour George Floyd ».
Cette responsable d’association, dont les bureaux jouxtent le carrefour transformé en un mémorial hétéroclite dédié aux victimes des violences policières, ne se fait pourtant guère d’illusions. « Quel qu’il soit, le verdict ne sera pas à la hauteur de mes attentes, explique la mère de famille afro-américaine. Car les charges retenues contre Chauvin ne sont pas à la hauteur du drame. » Le policier est inculpé de meurtre au deuxième et troisième degré et d’homicide involontaire. Comme beaucoup, la trentenaire, au ton calme et retenu, aurait voulu qu’il soit poursuivi pour homicide volontaire.
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