Milan Kundera, un écrivain sous haute surveillance

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Gisèle Freund/RMN-IMEC/Fonds MCC

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Publié aujourd’hui à 21h02

1er juin 1974. L’écrivain Milan Kundera, alias Elitiste I, « quitte son domicile, tête nue, vêtu d’un costume sombre, chaussures noires. Il est accompagné de son épouse. Ils attendent un moment devant leur domicile. A 10 h 05, un véhicule immatriculé ABJ 6797 arrive devant le domicile d’Elitiste I. Le conducteur du véhicule est G. Il est accompagné d’un inconnu. Le sujet et son épouse montent dans le véhicule, qui démarre en direction de la rue Ricna, où il se gare ».

Une page du dossier « Elitar » ouvert par la police secrète tchécoslovaque sur Milan Kundera.
Une page du dossier « Elitar » ouvert par la police secrète tchécoslovaque sur Milan Kundera. “Le Monde”

17 décembre 1973. Elitiste II, le nom de code désignant Vera Kundera, « s’est rendue au café du Musée ethnographique de Brno pour rencontrer Z. K., un acteur qui vit avec la comédienne V. F. Le rendez-vous avait été fixé à l’avance. Ils sont arrivés l’un après l’autre. Après une conversation d’environ une demi-heure, notre source a vu Kunderova [la femme de Kundera, en tchèque] demander au garçon de café une feuille de papier A4 où elle a écrit. Le texte mentionne “O. S.” et son numéro de téléphone. Vera Kundera a donné ce papier à Z. K. Notre source a ensuite vu Kunderova discuter “accouplement de boxers” avec le garçon de café. Elle n’était pas certaine que son boxer, Honza, un pur race mâle, puisse féconder la femelle du garçon de café ».

Pas moins de 2 374 pages perforées, frappées des tampons « secret-défense » ou « top secret » sont conservées à l’Institut d’études des régimes totalitaires

Durant la décennie 1970 et jusqu’au milieu des années 1980, toute la vie de Milan Kundera a été couchée ainsi, noir sur blanc. Pas moins de 2 374 pages perforées, frappées des tampons « secret-défense » ou « top secret ». Tapés sur les machines à écrire, ces procès-verbaux absurdes au point de frôler parfois le comique font partie du dossier consacré par la police secrète tchécoslovaque, la StB, à l’écrivain. A Prague, ils sont conservés à l’Institut d’études des régimes totalitaires, qui, depuis 2007, rassemble toutes les archives du ministère de l’intérieur héritées de la période communiste. La preuve écrite d’une paranoïa généralisée et glaçante.

Un plan en deux étapes

Ecoutes téléphoniques, conversations captées dans l’appartement du couple, filatures, clichés, courriers interceptés et ouverts… Pendant dix ans, les Kundera ont été placés, comme tant d’autres, sous la surveillance de la StB. Ils ont été les victimes d’un plan en deux étapes, que l’historien Petr Zidek, qui travaille depuis plus de vingt ans sur ces archives et les a explorées pour le quotidien Lidové Noviny, résume ainsi : « D’abord, les forcer à quitter le pays. Ensuite, les empêcher de revenir de l’étranger. »

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