Mikhaïl Khodorkovski, le proscrit qui défie le Kremlin

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L’ancien magnat russe Mikhaïl Khodorkovski prononce un discours à Chatham House dans le centre de Londres, en Grande-Bretagne, le 26 février 2015.
L’ancien magnat russe Mikhaïl Khodorkovski prononce un discours à Chatham House dans le centre de Londres, en Grande-Bretagne, le 26 février 2015. TOBY MELVILLE / REUTERS

Il y a chez Mikhaïl Khodorkovski une sorte de distance tranquille que rien ne semble devoir troubler. Ni le maître d’hôtel si parisien, qui met fin sans ménagement à notre entretien à la brasserie Le Select, à Montparnasse, parce qu’il est l’heure de préparer les tables pour le déjeuner, ni les questions sur sa sécurité, dans un monde somme toute assez peu sûr pour les opposants russes. « Si on voulait me tuer, on l’aurait déjà fait », répond-il d’un haussement d’épaules.

A 56 ans, cet homme, qui a été le plus riche de Russie avant même d’en avoir 40, paraît simplement heureux d’être libre, tant sa vie a été mouvementée jusqu’ici. Sa chute, le 25 octobre 2003, fut aussi spectaculaire que son ascension d’oligarque à la tête de la compagnie pétrolière Ioukos, dans la Russie postcommuniste de Boris Eltsine. Le jeune Khodorkovski s’était cru tout permis, y compris de se mêler de politique, de lutte anticorruption et de société civile. Vladimir Poutine l’a fait arrêter. Condamné à quatorze ans d’emprisonnement pour fraude fiscale en 2005, puis pour détournement de pétrole en 2010, il a passé dix ans dans des colonies pénitentiaires de Sibérie puis de Carélie, privé, la plupart du temps, des visites de sa femme et de ses enfants.

« Deux types d’opposition »

C’est la médiation d’Hans-Dietrich Genscher, l’ancien chef de la diplomatie allemande, qui l’a sauvé, le 22 décembre 2013. Poussé à la mansuétude à la veille des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, le président Poutine a gracié son plus célèbre prisonnier, qui a pu ainsi revoir sa mère – soignée pour un cancer en Allemagne – avant sa mort, quelques mois plus tard.

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Qu’est-ce que l’exil de Mikhaïl Khodorkovski ? Depuis sa libération, il a vécu entre la Suisse, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, où un film sur son odyssée, Citizen K, d’Alex Gibney, vient de lui être consacré. Il assure avoir prévenu ses geôliers, en signant sa demande de grâce, qu’il ne se tairait pas – et il a tenu promesse. « L’essentiel de mon temps, dit-il, je le consacre à l’opposition en Russie. » Le reste est pour sa famille.

Khodorkovski décrit « deux types d’opposition actuellement en Russie : l’opposition formelle, qui n’est pas une opposition réelle, pilotée par le cabinet présidentiel. Sa tâche n’est pas facile, mais c’est une condition confortable. Et puis il y a l’opposition hors système, dont la situation est difficile ». C’est à celle-ci qu’il se consacre, par le biais de sa fondation, Russie ouverte. Elle aide les candidats indépendants aux élections, en particulier locales – poursuivant le travail commencé par l’opposant Boris Nemtsov, assassiné à Moscou en février 2015 – et fournit une assistance juridique aux militants poursuivis. Elle « analyse les informations » que lui transmettent ses contacts en Russie. « Tout ce qui peut être fait à distance, nous le faisons », explique-t-il sans livrer plus de détails, pour éviter d’alimenter la répression.

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