Migrations : sortir de l’impuissance européenne

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Editorial du « Monde ». Cinq ans après la crise migratoire qui l’a gravement déstabilisée, l’Union européenne n’aurait-elle rien appris ? Le drame humain consécutif à l’incendie, mercredi 9 septembre, du camp de Moria, situé sur l’île grecque de Lesbos, fait craindre une réponse négative. Des milliers de demandeurs d’asile sont réduits à l’errance, après qu’un immense brasier a dévoré les baraques où ils s’entassaient dans des conditions indignes. Le feu, allumé selon les autorités grecques par des résidents qui protestaient contre la quarantaine ­imposée après la découverte de cas de ­Covid-19, n’est pas le premier.

Depuis des mois, le plus grand camp de réfugiés d’Europe, surpeuplé, est le théâtre d’incendies et d’autres drames violents. Conçu et financé par l’UE comme un lieu destiné à empêcher l’afflux de migrants sur le continent, un sas où ils seraient parqués le temps que leur demande d’asile soit ­examinée, Moria est devenu une impasse pour 12 700 personnes – quatre fois sa ­capacité – et le symbole honteux de la paralysie des Vingt-Sept.

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Alors que la crise due au Covid et l’éloignement des Etats-Unis exigent que l’Union européenne s’affirme en tant que puissance, il serait temps qu’elle trouve un accord sur la lancinante question intérieure de la répartition des demandeurs d’asile. Salutaire, l’initiative franco-allemande visant à accueillir 400 mineurs isolés du camp ne saurait tenir lieu de politique. Depuis des années, l’UE bute sur l’impossible réforme des accords de Dublin, qui font peser sur le pays de première entrée, et donc sur les pays périphériques comme la Grèce, la charge d’examiner les demandes.

Organiser la solidarité

Or les Allemands, promoteurs avec la France d’une réforme, traînent les pieds à un an des élections fédérales. Les pays de l’Est, hostiles à l’accueil, envisagent une contribution financière. Il est urgent que la solidarité s’organise, au moins entre les pays, comme la France et l’Allemagne, qui y sont prêts. L’UE ne doit plus tolérer l’accueil des exilés dans des conditions opposées aux valeurs que son histoire lui a léguées.

A l’autre extrémité du continent, un autre signal d’alarme clignote désormais, avec la multiplication des traversées de la Manche en bateau par des migrants désireux de gagner l’Angleterre. Ce phénomène se développe dans le contexte des négociations sur le Brexit. Conséquence de la rupture des liens avec l’UE prévue le 31 décembre, Londres ne sera plus lié par les accords de Dublin. Or ceux-ci permettent au Royaume-Uni de renvoyer certains demandeurs d’asile vers le continent ; ils donnent aussi le droit à l’asile au Royaume-Uni aux ­demandeurs qui y ont de la famille. Brexit risque de rimer avec vide juridique.

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La question des migrations transmanche, directement affectée par le Brexit, doit donc être incluse dans les négociations de divorce. La France devient un pays périphérique de l’UE et le marché ­pervers par lequel Paris garde de fait la frontière britannique en échange du financement d’équipements de surveillance ne peut plus demeurer une affaire strictement bilatérale.

A Lesbos comme à Calais, c’est la capacité de l’Union à coordonner sa politique migratoire, à mettre en œuvre le droit d’asile et à traiter dignement ceux qui frappent à ses portes qui est en cause. Le drame de Moria, les traversées désespérées de la Manche sont les énièmes alertes du genre. Mais, cinq ans après le pic lié à la guerre en Syrie, la pression migratoire est en chute libre. Dans ce contexte, il est temps pour l’UE, sauf à nourrir son propre procès, de cesser de donner le spectacle de son impuissance.

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Le Monde

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