« Mettre la santé au cœur de nos stratégies de développement, c’est la leçon de la crise du coronavirus »

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Dans une rue de Lagos, au NIgeria, le 4 mai 2020.
Dans une rue de Lagos, au NIgeria, le 4 mai 2020. Temilade Adelaja / REUTERS

Sans une bonne santé, pas d’économie pérenne. C’est ce que la crise mondiale du nouveau coronavirus a brutalement rappelé aux Etats du monde entier. L’Afrique, bien que peu touchée par la pandémie avec 49 352 cas déclarés et 1 959 décès au 6 mai, ne fait pas exception. C’est une évidence sur laquelle le quatuor d’invités du premier web-débat organisé par Le Monde Afrique, mardi 5 mai, s’est accordé sans fausse note.

« La crise du Covid-19 montre qu’une seule question de santé peut paralyser tous les autres secteurs, pose d’emblée le docteur Seydou Coulibaly, économiste au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’un des quatre intervenants. « La santé est donc une question cruciale, au carrefour de tous les secteurs économiques », insiste le médecin malien, chargé pour l’Afrique de l’Ouest des questions de financement et de couverture sanitaire universelle pour l’agence onusienne.

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Un point que n’a pas démenti, bien au contraire, l’analyste politique et économiste Gilles Yabi, qui dirige le cercle de réflexion Wathi, basé à Dakar. Pour lui, « il faut absolument repolitiser la question de la santé sur le continent et mettre les dirigeants africains face à leurs responsabilités. D’autant plus qu’en temps de pandémie, ce sont bien les Etats et non le secteur privé qui décident de confiner un pays ou non. »

Une bonne santé des populations, ce sont d’abord des politiques ambitieuses et efficaces en la matière. Et pour le continent, il y a urgence quand on sait qu’il lui manque 4,2 millions de médecins (données OMS) et que certains pays fonctionnent avec un praticien pour 10 000 habitants.

Mobilisation des sociétés civiles

Reste que, dans des budgets contraints, les décideurs politiques, pas forcément de mauvaise volonté, sont à la peine, obligés de hiérarchiser des priorités toutes… prioritaires, parfois sous la pression de lobbies qui tentent de privatiser un secteur qui se structure. Et que répondre au sempiternel argument de la modestie des ressources ? Des budgets alloués à la santé des Africains qui plafonnent au mieux à 6 % du PIB des Etats, alors que l’objectif de l’Engagement d’Abuja, pris en avril 2001 par les 43 pays membres de l’Union africaine (UA), est de 15 % ?

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Face à la stagnation des moyens et à la surdité de certains dirigeants, les sociétés civiles africaines se mobilisent depuis quelques années. Lasses d’attendre que les solutions viennent « d’en haut ». « Nous avons décidé de repartir de la base, des bénéficiaires, en créant des brigades communautaires qui rappellent aux politiques leurs devoirs et les droits des citoyens », explique Simon Kaboré, troisième invité qui dirige à Ouagadougou le bureau régional de l’ONG Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME).

« L’idée est aussi de lister les besoins du terrain et de les faire remonter du plus petit échelon administratif de village au plus haut ministre, poursuit le militant. C’est un travail de plaidoyer. Nous sommes des éveilleurs de conscience citoyenne. »

Des entrepreneurs qui innovent

Si les associations, ONG et groupes citoyens labourent donc le terrain, les entrepreneurs ne sont pas en reste dans une Afrique où la faiblesse du salariat incite à innover. A l’instar de Corinne Maurice Ouattara qui a créé en 2018 le Pass Mousso, un bracelet électronique relié à une application qui permet de porter sur soi sous forme de bijou ses données personnelles et médicales.

Dès l’arrivée du nouveau coronavirus sur le continent, l’Ivoirienne – quatrième invitée du débat – dont le Pass est aujourd’hui porté par plus de 20 000 personnes, s’est mobilisée. « Avec un groupe d’entrepreneurs et soutenus par la Banque africaine de développement [BAD], nous avons proposé de booster le Pass pour en faire un outil de prédiagnostic et de suivi des malades du Covid-19 », a expliqué cette militante des nouvelles technologies au cœur de la santé des Africains.

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Entourée d’une foultitude d’innovations au moyen d’applications ou d’intelligence artificielle encore boostées par la crise actuelle, Corinne Maurice Ouattara est certaine que « l’Afrique sera rapidement LE continent de l’e-santé ». Comme elle est déjà le continent du mobile banking, un secteur qui réinvente la banque.

Tous en conviennent que, lors de ce débat virtuel, confinement oblige, les nouvelles technologies sont des outils complémentaires qui permettent d’atteindre les communautés, dans les langues locales, et même de faire des économies, par exemple avec le développement de la télémédecine.

« La prévention », le maître-mot

Mais « ce n’est pas non plus la solution miracle et nous sommes vite confrontés à un problème d’échelle, avertit Gilles Yabi, pour qui les nouvelles technologies ne peuvent apporter de réponses aux questions structurelles. » Alors face à ce vide, les quatre interlocuteurs du Monde Afrique ont plaidé à l’unisson pour « la prévention » qui, comme pour le cercle de réflexion Wathi, reste « l’une des clés », puisqu’elle permet « l’optimisation des ressources » en évitant de devoir multiplier les structures de soins.

Et là, il reste du travail à faire estime Seydou Coulibaly, pour qui « nos systèmes ne sont pas encore des systèmes de santé, mais des systèmes de maladie. On soigne au lieu de prévenir, ce qui coûte beaucoup plus cher ».

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« Il y a donc encore beaucoup à faire pour améliorer l’utilisation des ressources dont nous disposons déjà et nous y travaillons sans relâche », a tenu à expliquer Seydou Coulibaly, pour qui « le rôle d’éveil citoyen est très important pour guider l’orientation de ces ressources. Mais il faut aller plus loin. Nos Etats doivent investir dans la santé et la penser en termes économiques. »

Comme en écho, Simon Kaboré a souhaité conclure sur l’idée qu’« il faut mettre la santé au cœur de nos stratégies de développement. C’est la leçon de la crise du Covid-19. » Et sans attendre d’avoir atteint le niveau de richesse des pays occidentaux, Gilles Yabi, dont le cercle de réflexion Wathi avait décrété 2020 année de la santé pour le continent, se veut encore visionnaire, dans un esprit qui rappelle aux dirigeants leurs engagements panafricains : « Investissons dans la recherche scientifique et mutualisons nos efforts à l’échelle régionale et même continentale. » Etre solidaires, une autre leçon forte de la pandémie.

Suivez le deuxième web-débat du « Monde Afrique » aujourd’hui à 15 h 30 (heure de Paris), « Penser plus loin, avec les artistes », en cliquant ici.

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