« Mettre de l’argent de côté est sur le point de devenir un vice passible de sanction »

0
140

[ad_1]

« Les taux d’intérêt négatifs constituent un changement de paradigme, dont on a encore du mal à prendre toute la mesure », explique dans sa chronique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 08h12 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à Francfort, le 12 septembre 2019.
Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à Francfort, le 12 septembre 2019. RALPH ORLOWSKI / REUTERS

La Bild Zeitung n’a jamais eu la réputation de faire dans la dentelle. Mais, au lendemain de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d’appliquer un nouveau traitement de choc à l’économie européenne pour tenter de la raviver, le plus grand quotidien allemand par le tirage s’est surpassé en publiant une « une » outrancière mettant en scène Mario Draghi, le président de l’institution monétaire, grimé en Dracula, avec en titre : « Délire monétaire : comment le comte Draghila vampirise nos comptes bancaires ! Sous son mandat nous avons perdu des milliards ».

Voilà pour la version populiste de la révolte des épargnants allemands, qui s’estiment spoliés par la politique de la BCE. Celle-ci a annoncé, le 12 septembre, une nouvelle baisse de son taux d’intérêt directeur, qui s’enfonce un peu plus en territoire négatif, ainsi qu’une relance d’achats d’actifs pour stimuler dépenses et investissements.

Lire aussi La BCE baisse ses taux et relance son aide monétaire

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a été plus poli mais n’en pense pas moins, affirmant, dès le lendemain, que Mario Draghi avait « dépassé les bornes ». Et, à partir de là, comme disait Alphonse Allais, « il n’y a plus de limites ». C’est ce que sous-entend la BCE lorsqu’elle affirme qu’elle aura recours à des achats d’obligations « aussi longtemps que nécessaire ».

L’Allemagne prend la tête de la fronde

Si la dissidence n’est pas nouvelle au sein du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale, l’ampleur et la forme qu’elle a prises sont inédites. Outre les Allemands, Français, Néerlandais, Autrichiens et Estoniens se sont joints au concert de critiques. Le périmètre de la fronde représente ainsi 56 % des fonds propres de la BCE et 60 % du PIB de la zone euro. Heureusement pour Mario Draghi, ces pays ne représentent que 10 votes sur 25 votes. De quoi relativiser le procès d’intention selon lequel la politique de la zone euro se décide à Berlin.

Le fait que l’Allemagne prenne la tête de la fronde n’est pas une surprise, mais reste paradoxal sur un point. N’est-ce pas Berlin, qui, en s’arc-boutant sur son zéro déficit, est devenu le principal pousse-au-crime d’une politique monétaire qui a déjà donné tout ce qu’elle pouvait offrir ? Il est grand temps que l’Allemagne fasse sa part du travail en puisant enfin dans ses excédents budgétaires pour prendre le relais d’une BCE qui, même si elle s’en défend, a tiré toutes ses cartouches.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: