Maria Ressa, la journaliste paria du régime Duterte

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Professionnelle chevronnée, la directrice du site Rappler se bat avec l’investigation et les réseaux sociaux pour contrer la quasi-dicatature, malgré des attaques répétées.

Par Harold Thibault Publié aujourd’hui à 14h58

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Maria Ressa à Manille, le 14 février.
Maria Ressa à Manille, le 14 février. NOEL CELIS / AFP

Elle n’a pas une minute pour elle, entre les journées à gérer Rappler, le site devenu la source d’information incontournable sur les morts du régime de Rodrigo Duterte, et les convocations au tribunal, machination évidente du pouvoir philippin pour les faire taire, elle et son équipe de journalistes.

Maria Ressa, 55 ans, a malgré tout pris le temps, ces derniers mois, de relire les briefings que la CIA faisait au président américain, il y a quarante-sept ans, sur l’imposition de la loi martiale par lancien président philippin, Ferdinand Marcos (1965-1986), rendus publics depuis. Ils peignent un archipel à la dérive, qui se laisse happer par l’autoritarisme et l’arbitraire. « Cela pourrait tout aussi bien décrire les Philippines d’aujourd’hui. C’est saisissant », constate-t-elle dans son bureau d’une tour de l’est de Manille.

Sur le front philippin, depuis trois ans que Rodrigo Duterte est au pouvoir, il y a deux batailles. L’une se joue à la nuit tombée, dans les ruelles sombres, surtout celles des quartiers pauvres : les citoyens suspectés d’usage de drogue, à tort ou à raison, sont abattus sans autre forme d’enquête par des escadrons de la mort. Bilan : certainement plus de 20 000 morts, mais il n’y a plus de statistiques publiques fiables.

Huit enquêtes contre la journaliste

L’autre est celle de l’information : tenir le décompte des cadavres, raconter comment le pouvoir a donné les ordres, payé les primes, qui ont transformé en assassins d’Etat tant le simple policier de vocation que le tueur à gages des quartiers dangereux. Et dire la vérité, alors que l’entourage du président est devenu expert dans la dissémination des « fake news » depuis la campagne qui mena à sa victoire, le 9 mai 2016, six mois avant celle de Donald Trump.

Dans ce combat, Rappler se trouve en première ligne. A l’automne 2018, une série d’articles détaille comment, dans le bidonville de Tondo, au nord de Manille, la police sous-traite les exécutions de petits toxicomanes à un gang. En avril 2019, un article montre comment M. Duterte et ses enfants dissimulent les richesses qu’ils auraient dû déclarer. Début mai, à l’approche des élections législatives et locales de mi-mandat du 13 mai, une autre enquête raconte l’assassinat de politiciens dans les communes autour de la ville de Cebu. Maria Ressa reste sobre, mais déterminée : « Ce que nous faisons, c’est dire aux gens ce qui se produit. »

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