Maisons à l’amiante: la santé des habitants des cités EDC inquiète

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Les feuilles de tôle de cette maison sont pourries.

Les feuilles de tôle de cette maison sont pourries.

Les occupants des maisons à l’amiante en ont assez de vivre avec cette substance hautement toxique. Ils sont justement invités à faire un bilan de santé.

Depuis quelques semaines, des habitants des cités EDC reçoivent des lettres émanant des hôpitaux publics leur demandant de venir faire des examens médicaux. Ces lettres s’adressent à tous les occupants des maisons. La raison : un bilan de santé est nécessaire car ces personnes habitent des maisons faites de plaques en amiante. Une substance hautement toxique, dangereuse surtout si elle est manipulée sans précaution.

Les lettres ne sont pas très explicites. Elles portent juste l’en-tête de l’hôpital où devront se rendre les personnes qui les reçoivent et l’heure du rendez-vous. Officiellement, au ministère de la Santé, l’on affirme ne pas être au courant de la raison ayant mené à cette décision mais l’on confirme que la démarche ne peut qu’être positive pour les habitants. Sauf que pour ces derniers, une telle lettre est prise avec beaucoup de sérieux. Surtout que beaucoup confient être tombés malades sans savoir si leurs demeures y étaient pour quelque chose.

À Résidence Ste Catherine à St-Pierre, les habitants en ont assez de vivre dans les maisons à l’amiante. Les maladies, ils en ont tous mais ne peuvent certifier qu’elles ont surgi à la suite du contact de cet isolant. Le gouvernement leur donne l’occasion de passer un bilan de santé et ces familles ne vont pas s’en priver.

Assise dans sa maison, Jessie Jacques espère l’aide du gouvernement pour le remplacement de sa maison. Cela fait 46 années qu’elle est mariée et y habite. «Je ne veux pas aller habiter dans une maison de la National Housing Development Corporation car je n’aime pas avoir des gens tout autour de moi. J’aime mon intimité.»

Il y a deux, voire trois semaines, elle a reçu une lettre lui demandant de se rendre à l’hôpital Jeetoo pour un «check-up complet» ainsi que toutes les autres personnes qui vivent dans la maison. Toutefois, elle hésite encore à y aller. «Mon époux ne voit pas l’utilité d’une telle démarche. Il habite ici depuis son enfance et soutient que s’il a déjà contracté une maladie, ce n’est pas maintenant qu’il va en guérir.»

Jessie Jacques déplore que cette démarche n’arrive que maintenant. «Plusieurs personnes sont déjà mortes mais on ne sait pas si elles ont été affectées par cet amiante.»

De son côté, Marie Denise Charlotte, sa voisine n’a reçu aucune convocation pour des soins à l’hôpital. Toutefois, elle reconnaît qu’elle n’assiste pas aux différentes réunions tenues dans la région pour justement parler des maisons à l’amiante.

Un peu plus loin, Corinne Grégoire raconte que sa maison, où elle habite depuis 28 ans, a subi et continue à subir les caprices de Dame Nature. «Nous avons souvent les pieds dans l’eau. Chaque fois qu’il pleut, c’est toujours la même crainte.» Elle ajoute qu’elle a dû mettre ses vêtements dans des ballots depuis décembre et qu’elle les retire au compte-gouttes.

«Les feuilles de tôle sont pourries et j’ai développé une allergie depuis que je vis dans cette maison», témoignet- elle. Elle avance qu’on leur a promis depuis plus de quatre mois la rénovation de leurs maisons mais que rien ne s’est produit jusqu’à présent. «Nous ne pouvons nous permettre de reconstruire notre maison car il y a plusieurs propriétaires sur celle-ci.» Elle a, toutefois, obtenu la lettre pour se rendre à l’hôpital et elle doit le faire le 13 mars. «Je pense que toute la famille ira, cela ne coûte rien.»

Lalit Milite Depuis Des Années

Depuis des années, Lalit milite pour que le gouvernement prenne des mesures concrètes afin que les maisons en amiante soient détruites convenablement et que d’autres maisons soient reconstruites. Rajini Lallah, membre de ce mouvement, réclame des comptes du gouvernement car, selon elle, «les choses se passent dans l’opacité». «Le bilan de santé était une des revendications de Lalit. Nous voulons savoir où en est ce dossier au niveau du gouvernement. Il y a eu un engagement pris par l’actuel gouvernement pour que ces maisons soient détruites mais nous n’avons rien entendu après», rajoute Rajini Lallah. De plus, elle fait ressortir que Lalit a tenté de mettre la main sur le rapport Addison de 2002. Ce rapport de l’expert John Addison n’avait jamais été rendu public. «Le gouvernement d’alors avait rendu public le rapport mais lorsque nous avons tenté d’en avoir une copie, le ministère de la Santé nous a informés qu’il faut que l’actuel gouvernement approuve la publication du rapport», poursuit Rajini Lallah.

Étienne sinatambou: «dans certains cas, nous n’avons pas le consentement des gens»

Nous avons sollicité le ministre de la Sécurité sociale Étienne Sinatambou, au sujet du remplacement des maisons à l’amiante. «Un premier décaissement de Rs 20 millions a été fait. Le gouvernement s’est occupé de 64 maisons qui étaient dans un état déplorable. Mais il a fallu chercher le consentement des gens et dans certains cas, nous ne l’avons pas eu», soutient le ministre. Ainsi des 3 113 maisons à l’amiante, Étienne Sinatambou indique que 700 ont été détruites et reconstruites alors que 2 000 autres ont été «améliorées» et en partie démolies. «L’amiante n’est dangereux que lorsqu’il est manipulé et lorsqu’il s’en échappe des particules», précise-t-il. Avant d’ajouter que l’exercice du ministère de la Santé n’est qu’une mesure de précaution pour s’assurer de la bonne santé des occupants de ces maisons.


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Lexpress

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