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Le président français a choisi de s’adresser directement aux électeurs de toute l’Europe par une tribune aux accents lyriques pour souligner l’urgence et la gravité de la situation.
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Analyse. Le 16 février, à la conférence de Munich sur la sécurité, les élites transatlantiques de la défense et de la diplomatie assistent, les yeux écarquillés, à une passe d’armes sans précédent entre un vice-président américain et un dirigeant européen. Les relations entre l’UE et les Etats-Unis sont au plus bas ; à la tribune, la chancelière Angela Merkel dit ses quatre vérités à l’administration Trump avec une morgue qu’on ne lui connaissait pas.
Quelques heures plus tard, le vice-président Mike Pence riposte par une série de remontrances et d’ordres dispensés de la manière la plus directe à des alliés européens qui lui réservent un accueil glacial. L’héroïne de la journée, à l’applaudimètre, est sans conteste la chancelière, pourtant en fin de parcours et en panne de propositions : elle seule, se félicitent les atlantistes et autres partisans de l’ordre international libéral, est capable de défendre encore les valeurs européennes. Le leader du monde libre, c’est elle.
Une absence passe totalement inaperçue : celle du président Emmanuel Macron. Invité à Munich, celui que, il y a seulement dix-huit mois, les médias internationaux présentaient comme l’homme providentiel qui allait sauver le monde a déclaré forfait, pour cause de grand débat national. Sa présence aux côtés d’Angela Merkel à Munich aurait donné une tout autre dimension à l’affrontement avec Mike Pence. Il n’était pas là. Personne n’a même mentionné son nom.
Le coup de grâce
La rapidité avec laquelle l’ambition européenne du jeune président français a été effacée des écrans radar est stupéfiante. Son discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, avait pourtant été salué comme LE grand projet visionnaire que l’Europe attendait. Enfin, entendait-on de Lisbonne à Tallinn, un dirigeant qui formule un projet de refondation de l’Europe avec audace et énergie ! Un autre événement, deux jours plus tôt outre-Rhin, devait pourtant doucher ce bel enthousiasme : les élections allemandes.
Affaiblie, la CDU d’Angela Merkel se lança dans un interminable tunnel de négociations pour former une coalition. Lorsque, enfin, un gouvernement en sortit, six mois plus tard, la dynamique créée par le discours de la Sorbonne était brisée. Et autour du tandem franco-allemand paralysé, l’opposition au projet macronien avait commencé à s’organiser. En mars 2018, l’Italie basculait à son tour dans le camp nationaliste et antisystème.
Hormis la directive sur les travailleurs détachés et quelques avancées sur la défense européenne, la feuille de route de la Sorbonne n’a donc que très peu progressé. Pendant ce temps, l’environnement international a continué de se détériorer et le fossé avec Washington s’est creusé. Et voilà que, à l’automne 2018, à peine ses prestigieux invités du 11-Novembre partis, Emmanuel Macron prend la révolte des « gilets jaunes » en pleine figure. Les Champs-Elysées à feu et à sang. Sur la scène européenne, c’est le coup de grâce. Le grand espoir français s’écroule. Son héraut est démonétisé.
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