Machiavel dans la Silicon Valley

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L’essayiste italien Giuliano da Empoli analyse, dans « Les Ingénieurs du chaos », la montée des populismes à l’heure des réseaux sociaux.

Par Christophe Ayad Publié aujourd’hui à 05h00

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Livre. Depuis l’arrivée de Silvio Berlusconi au pouvoir, au milieu des années 1990, on a tendance à considérer la politique italienne comme un cirque. A fortiori depuis la victoire électorale du Mouvement 5 étoiles, en 2018, qui dirige, depuis, un chaotique gouvernement de coalition avec la Ligue de Matteo Salvini. On a tort de rire : cette alliance entre populistes à tendance nationaliste et nationalistes à tendance populiste préfigure peut-être l’avenir des démocraties représentatives.

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C’est du moins le sombre pronostic de Giuliano da Empoli, essayiste de talent, fondateur du think tank Volta et ancien conseiller de l’ex-premier ministre de centre gauche Matteo Renzi. Il a été aux premières loges pour assister à la montée du tsunami populiste qui a emporté l’Italie et dont l’incarnation la plus connue est le comique Beppe Grillo, fondateur du Mouvement 5 étoiles. M. Grillo est certes la fa(r)ce la plus visible de ce mouvement, mais Giuliano da Empoli a choisi de se concentrer sur une figure moins connue, Gianroberto Casaleggio, décédé en 2016. Cet ingénieur informaticien au goût maladif du secret se présentait comme le facilitateur logistique d’une formation sans siège ni instances, sans cadres ni congrès. Dans les faits, il en était le concepteur, le maître à penser et le chef tatillon, tout cela grâce au système informatique qui sert à ses membres à communiquer, qu’il contrôlait d’une main de fer. M. Casaleggio est l’archétype de « l’ingénieur du chaos ».

L’ère de la politique quantique

Sous cette appellation, Giuliano da Empoli rassemble des profils divers : polémistes (Andrew Breitbart), activistes politiques (Steve Bannon), informaticiens (Gianroberto et Davide Casaleggio), communicants (Dominic Cummings, Arthur Finkelstein), blogueurs (Milo Yiannopoulos), gouvernants (Trump, Orban, Salvini). Tous ont compris que la démocratie à l’ère du narcissisme de masse et des réseaux sociaux offrait des possibilités insoupçonnées de mobilisation électorale. Là où les médias classiques privilégiaient la rationalité, la modération et les faits, les réseaux sociaux favorisent l’émotion, la subjectivité et les récits. En politique, la traduction de ce nouveau paradigme est dévastatrice : la rage, le rejet de l’autre – les émotions les plus primaires sont sollicitées par les nouveaux leaders populistes qui disposent, en outre, de l’outil inédit du « big data » pour connaître en détail et en temps réel l’opinion, jusqu’à l’échelle individuelle.

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