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Démocratiques ou autoritaires, tous les régimes sont secoués par la pandémie du Covid-19. La tendance au repli national et à la controverse sur la crise sanitaire est difficile à battre en brèche. Alors que se profile un sommet inédit, par visioconférence, des pays du Conseil de sécurité de l’ONU (dit « P5 »), le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a répondu par téléphone aux questions du Monde.
L’ambassadeur de Chine Lu Shaye a été convoqué au Quai d’Orsay en raison d’écrits jugés inadmissibles sur la réponse occidentale au Covid-19. S’agit-il d’un cas isolé ou de l’illustration d’une mue de la diplomatie chinoise, plus agressive ?
Depuis le début de la crise pandémique, je me suis entretenu quatre fois avec mon collègue chinois. Nous avons des relations de dialogue et de coopération, qui nous amènent à dire ce qu’on pense. Nous avons des principes.
Je ne peux pas accepter que le personnel de nos Ehpad se trouve calomnié par qui que ce soit, y compris par l’ambassade de Chine [qui a accusé le personnel soignant français des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’avoir abandonné leur poste]. Je l’ai fait savoir.
Dans les heures qui ont suivi, une déclaration du porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a permis de lever tout malentendu, en insistant sur la nécessité de travailler ensemble dans un nouveau multilatéralisme. Nous entendons être respectés comme la Chine, elle, souhaite l’être.
Pékin essaie-t-il de prendre la place occupée par Washington dans le concert des puissances ?
Je lis et j’entends que le monde d’après n’aurait rien à voir avec le monde d’avant. Je partage ce vœu, mais c’est de l’ordre de la prédiction. Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant, mais en pire.
Il me semble que nous assistons à une amplification des fractures qui minent l’ordre international depuis des années. La pandémie est la continuation, par d’autres moyens, de la lutte entre puissances. C’est d’abord la remise en cause déjà ancienne du multilatéralisme. Des acteurs majeurs se désengagent, comme l’illustre la décision américaine de suspendre sa contribution à l’Organisation mondiale de la santé [OMS], alors que c’est la seule organisation universelle capable de lutter contre la pandémie. D’autres s’engouffrent dans les brèches.
Cette lutte, c’est aussi la systématisation des rapports de force qu’on voyait monter bien avant, avec l’exacerbation de la rivalité sino-américaine. C’est enfin l’extension de la compétition internationale, voire de l’affrontement, à tous les secteurs. Cela se poursuit, dans cette crise, sur le terrain de l’information. Je pense à ce qu’on appelle les « infodémies » et au terrain politique où l’on essaie de comparer les modèles de gestion de crise.
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