L’Uruguay, laboratoire du cannabis libre

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Publié aujourd’hui à 12h45, mis à jour à 13h36

Une odeur âcre flotte sur l’esplanade de la mairie de Montevideo. Quelques dizaines de jeunes sont venus montrer leur soutien aux manifestations au Chili. Parmi eux, Valentina Almiron, 29 ans, et Justino Muñiz, 28 ans. Ils s’échangent une calebasse de maté, l’indispensable infusion locale, et un joint de cannabis consciencieusement roulé sous le nez des policiers postés à quelques mètres de là. Valentina et Justino ne se souviennent pas d’avoir jamais dû se cacher : la consommation du cannabis a été dépénalisée dès 1974, en pleine dictature militaire.

Ce qui a changé, c’est la façon de s’en procurer. « Avant, j’allais dans une “boca, un point de vente illégal, auprès d’un dealer de quartier, se rappelle Valentina. Aujourd’hui, je vais à la pharmacie. » En 2013, l’Uruguay est en effet devenu le premier pays au monde à réguler la culture, la production, la distribution et la vente sur son territoire du cannabis – y compris récréatif.

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La loi 19.172, votée le 20 décembre 2013, prévoit des usages récréatifs, médicinaux, cosmétiques ou à des fins de recherche du cannabis, avec l’objectif de « contrer les conséquences sanitaires, sociales et économiques dévastatrices de l’utilisation problématique de substances psychoactives, et réduire l’incidence du narcotrafic et du crime organisé. »

Cette loi, c’était le bébé de José « Pepe » Mujica, ancien guérillero devenu chef de l’Etat entre 2010 et 2015 et surnommé par la presse « le président le plus pauvre du monde » parce qu’il donnait 90 % de son salaire à des ONG, et parce que ses manières un peu frustes et son franc-parler choquaient la bourgeoisie. Le mariage pour tous, c’était lui. La légalisation de l’avortement, lui aussi. Pour le cannabis, il a dû ferrailler, et pas seulement dans son pays.

Aux Nations unies, la bataille a été rude. En avril 2014, Raymond Yans, alors président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), accusa les autorités uruguayennes d’adopter des « comportements de pirates » face aux accords internationaux. « Il faut dire à ce vieillard d’arrêter de mentir ! », répondit le président Mujica, qui a treize ans de plus que le fonctionnaire de l’ONU.

Priver les dealers de leur « produit de base »

Plusieurs facteurs expliquent le vote uruguayen de 2013. D’abord, la population de ce pays progressiste et laïque, très attaché aux libertés individuelles (l’Eglise et l’Etat sont séparés depuis 1918 et les femmes y votent depuis 1927), est traditionnellement plus consommatrice de cannabis que le reste de la région, explique Marcos Baudean, sociologue, professeur à l’université ORT d’Uruguay et membre de Monitor Cannabis – une équipe d’universitaires de la faculté de sciences sociales de l’Université de la République qui étudie l’application de la loi.

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