L’université de Cambridge veut savoir si elle a bénéficié de la traite négrière

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A l’instar de Glasgow, qui a évalué le montant de ses richesses issus de l’esclavage à 229 millions d’euros, la faculté anglaise a lancé un programme de recherches.

Par Philippe Bernard Publié aujourd’hui à 06h15

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La bibliothèque Wren du Trinity College, université de Cambridge.
La bibliothèque Wren du Trinity College, université de Cambridge. H. & D. Zielske/Look / Photononstop

Vie des idées. Les universités qui enquêtent sur leurs éventuels liens financiers avec l’histoire des traites négrières sont-elles mues par une réelle quête de justice ou surtout soucieuses de défendre leur image ? La controverse est nourrie par la décision de l’université de Cambridge, annoncée le 30 avril, de lancer un programme de recherches de deux ans destiné à établir si ses différents départements, bibliothèques ou musées ont bénéficié de legs ou de dons provenant du commerce des esclaves.

L’initiative, annoncée par Stephen Toope, vice-chancelier de l’université et confiée au Centre d’études africaines, devrait aussi inclure la question de savoir si, par leur travail, des enseignants de Cambridge ont « renforcé et validé la pensée fondée sur la race » entre le XVIIIsiècle et le début du XXe siècle. Elle suit un mouvement d’introspection qui, parti des Etats-Unis, souvent sous la pression d’étudiants, s’est déjà largement manifesté au Royaume-Uni.

A Oxford, un mouvement antiraciste a revendiqué – en vain – le retrait d’une plaque en hommage à l’homme d’affaires impérialiste Cecil Rhodes, fondateur de la Rhodésie. De son côté, l’université de Glasgow a évalué l’an dernier le montant de sa richesse issue de la traite des Noirs – 200 millions de livres (229 millions d’euros) – et annoncé un plan de « justice réparatrice » marqué par la création d’un Centre d’étude de l’esclavage. « Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous ne devons pas pour autant nous en cacher, a justifié Stephen Toope, spécialiste canadien des droits de l’homme, en rendant publique l’initiative de Cambridge. J’espère que ce processus aidera l’université à comprendre et à reconnaître son rôle pendant cette phase sombre de l’histoire humaine. »

« Autoflagellation ritualisée »

Pourquoi un professeur blanc, en l’occurrence l’archéologue Martin Millett, a-t-il été choisi pour mener ces investigations ? Le budget qui va leur être consacré n’aurait-il pas été mieux utilisé pour aider des étudiants d’origine africaine à accéder à Cambridge ? Les critiques ont immédiatement fusé. Mais l’accusation dominante, portée par plusieurs universitaires, sur le caractère « biaisé dès le départ » du projet soulève un point autrement plus institutionnel : la véritable richesse de Cambridge est concentrée dans ses 31 « colleges », juridiquement et financièrement indépendants de l’université et non concernés par l’enquête. Le patrimoine du seul Trinity College s’élève ainsi à 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d’euros). Pour Priyamvada Gopal, professeure de littérature postcoloniale, l’enquête sur l’argent de la traite négrière à Cambridge risque de s’apparenter à une « opération de relations publiques ». De son côté, Allan Chapman, historien à Oxford, se gausse d’une « manifestation d’autoflagellation ritualisée ».

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