l’UE face au cynisme de la Turquie

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La police grecque repoussent des migrants dans le port de Mytilène, sur l’île de Lesbos, le 3 mars.
La police grecque repoussent des migrants dans le port de Mytilène, sur l’île de Lesbos, le 3 mars. Panagiotis Balaskas / AP

Editorial du « Monde ». Que des populations civiles en détresse soient dramatiquement utilisées comme moyens de pression dans les rapports de force internationaux n’est pas nouveau. Mais le chantage aux migrants qu’exerce sur l’Union européenne (UE) Recep Tayyip Erdogan dépasse en cynisme, mais aussi en potentiel de déstabilisation, la plupart des précédents récents. Les réfugiés que le président turc menace de faire déferler sur l’Europe fuient une guerre, celle menée autour d’Idlib, dernier bastion rebelle en Syrie, qu’il s’emploie lui-même à prolonger.

En annonçant, jeudi 27 février, l’ouverture de sa frontière occidentale avec la Grèce, Ankara a non seulement donné implicitement le signal de la ruée vers l’Europe aux 3,6 millions de réfugiés du conflit syrien déjà présents en Turquie, mais brandi la menace d’en faire éventuellement de même pour le million de personnes qui, fuyant l’enfer d’Idlib, se massent aux abords de la frontière turque.

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Le message est clair : la Turquie se fait fort de réitérer le scénario de 2015, lorsque 1 million de personnes déplacées par la guerre civile syrienne avaient traversé son territoire pour franchir les frontières de l’UE, déclenchant dans l’Union une crise humanitaire, sécuritaire et politique, qui n’a cessé de nourrir l’extrême droite. L’afflux de réfugiés n’avait été endigué, à partir de mars 2016, qu’au prix d’un accord aux termes duquel Ankara s’engageait à leur barrer la route de l’Europe, moyennant le versement par l’UE d’une somme de 6 milliards d’euros, destinée aux associations humanitaires.

Malignité et fragilité

Surévaluant grossièrement, à dessein, le flux de déplacés cherchant à passer en Grèce, la Turquie cherche à reproduire les effets délétères obtenus alors : division et déstabilisation des Vingt-Sept, raidissement des opinions, montée des populismes. Les scènes montrant des policiers grecs repoussant des migrants à coups de gaz lacrymogène, ou la hargne de certains habitants de l’île de Lesbos contre les demandeurs d’asile, reflètent à la fois la malignité de la stratégie turque et la fragilité de l’UE, acculée à employer la force au mépris de ses principes.

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L’Europe, que ses propres reculs et ceux des Etats-Unis ont réduite au statut de spectatrice de la tragédie syrienne – MM. Poutine et Erdogan doivent examiner la situation jeudi 5 mars, à Moscou, sans la France et l’Allemagne qui avaient proposé une rencontre à quatre –, ne doit pas, en outre, tomber dans le piège turc en s’érigeant en forteresse inexpugnable. Manifestement, le principal objectif d’Ankara consiste à renégocier l’accord de 2016 en obtenant que la nouvelle rétribution de sa gestion des migrants soit versée non aux ONG, mais aux autorités turques.

Plutôt que de céder à une quelconque panique, l’UE doit faire montre à la fois de solidarité, de fermeté, de réalisme et d’humanité. Solidarité financière et politique avec la Grèce et la Bulgarie, pays situés en première ligne. Fermeté, à l’égard du chantage de la Turquie qui doit gérer les conséquences humaines de sa condamnable intervention militaire en Syrie et cesser son jeu ambigu entre OTAN et Russie. Réalisme : la géographie et l’histoire font de la Turquie un partenaire obligé de l’UE. Humanité enfin, car l’Union européenne ne mériterait plus son nom si elle ne prenait pas sa part dans l’accueil des réfugiés. Jamais la nécessité, pour la pérennité de l’UE, d’un partage de la charge de la demande d’asile et d’une stratégie commune en matière d’immigration n’a été aussi impérieuse.

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Le Monde

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