[ad_1]
Sa victoire est sans appel, dans un pays habitué aux contestations de résultats électoraux. Luis Abinader, le candidat de l’opposition, a remporté dès le premier tour et haut la main la présidentielle en République dominicaine, dimanche 5 juillet, mettant fin à seize ans de règne ininterrompu du Parti de la libération dominicaine (PLD, centre). Le candidat du PLD, Gonzalo Castillo, a reconnu le « triomphe irréversible » de M. Abinader dès dimanche soir.
Selon des résultats encore partiels publiés lundi par la Commission électorale centrale, qui portent sur 88 % de bulletins dépouillés, M. Abinader, 52 ans, du Parti révolutionnaire moderne (PRM, social-démocrate), l’emportait avec 52,3 % des voix. Gonzalo Castillo, 59 ans, obtenait 37,7 % des voix. Enfin, Leonel Fernandez, 66 ans, ex-président du pays et transfuge du PLD, ne rassemblait que 8,8 % des suffrages.
Il s’agissait des premières élections en Amérique latine depuis le début de la pandémie due au coronavirus, qui, au lundi 6 juillet, avait touché plus de 38 000 personnes et en avait tué 804 en République dominicaine. Samedi, le pays enregistrait même sa plus forte hausse en vingt-quatre heures, avec 1 036 nouveaux cas. Les élections générales, prévues à l’origine le 17 mai, deux mois après les municipales du 15 mars – déjà remportées par l’opposition –, avaient été repoussées au 5 juillet à cause de l’épidémie.
Une campagne inédite
Une épidémie qui a marqué une campagne inédite, sans meetings et sans les bruyantes caravanes qui accompagnent en général les candidats, en plein état d’urgence décrété très tôt – le 19 mars. Luis Abinader lui-même a annoncé avoir contracté le coronavirus le 11 juin.
Cet économiste et entrepreneur de 52 ans, né le 12 juillet 1967 à Saint-Domingue, est le premier président dominicain à avoir vu le jour après la dictature de Rafael Leonidas Trujillo (1930-1961). A la tête d’une entreprise familiale, Abicor, propriétaire de plusieurs hôtels, d’une université et d’une des principales cimenteries du pays, il n’avait jamais exercé de mandat d’élu, bien qu’il ne soit pas novice en politique : fils de José Rafael Abinader Wassaf, un fils d’immigrés libanais qui a été le vice-président du Parti révolutionnaire dominicain (PRD), Luis Abinader s’est présenté comme le candidat du PRD à la vice-présidence du pays en 2012, aux côtés d’Hipolito Mejia.
Il a réussi à interpréter la volonté de dégagisme d’une partie de la classe moyenne et de la jeunesse
Après cette première défaite face au candidat du PLD, Danilo Medina, MM Abinader et Mejia ont créé leur propre formation politique, le Parti révolutionnaire moderne. En 2016, Luis Abinader s’est présenté pour la première fois à une élection présidentielle, contre M. Medina, qui briguait un second mandat. Et a subi sa seconde défaite, avec 35 % des voix.
Scandales de l’affaire Odebrecht
Candidat du « changement », son slogan de campagne, il a réussi à interpréter la volonté de dégagisme d’une partie de la classe moyenne et de la jeunesse, après les quatre mandats consécutifs du PLD, entachés par des accusations de corruption, notamment après les scandales liés à l’affaire Odebrecht. Cette entreprise brésilienne de BTP a reconnu avoir versé des pots-de-vin à de nombreux dirigeants politiques en Amérique latine, dont 92 milliards de dollars (82 milliards d’euros) en République dominicaine. Le scandale avait drainé les foules dans la rue en janvier 2017, à l’occasion de « marches vertes » inédites dans ce petit Etat caribéen de 11 millions d’habitants.
Luis Abinader, qui s’est dit favorable à la dépénalisation de l’avortement en cas de viol, de danger pour la vie de la femme enceinte et de malformation du fœtus – dans un pays qui interdit l’IVG dans toutes les circonstances – a aussi promis de créer 600 000 emplois, d’améliorer l’éducation et de renforcer la sécurité.
Tout au long de ses mandats, le PLD a pourtant été à l’origine d’une stabilité économique sans précédent et de la plus forte croissance en Amérique latine et aux Caraïbes (une moyenne de 6 % par an entre 2014 et 2019). Il a aussi réussi à faire baisser le taux de pauvreté de 34 % à 20 % entre 2008 et 2016. Les classes les plus défavorisées, pourtant, n’ont pas vraiment bénéficié de la croissance, qui a surtout profité aux milieux liés au pouvoir.
Pour le nouveau président, qui prendra ses fonctions le 16 août, le défi est double : vaincre les inégalités sociales persistantes et, à la fois, gérer une crise sanitaire partie pour durer, alors que les prévisions anticipent déjà une récession de 5 % en 2020.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: