loin des regards, la mer Méditerranée est devenue un « trou noir »

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L’Union européenne, qui considère la « crise migratoire » comme quasiment terminée, sous-traite la question à la Turquie et à la Libye.

Par , et Publié aujourd’hui à 10h48, mis à jour à 11h40

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Une embarcation de migrants, vue depuis un bateau de l’ONG Open Arms, en Méditerranée, le 30 juin.
Une embarcation de migrants, vue depuis un bateau de l’ONG Open Arms, en Méditerranée, le 30 juin. Olmo Calvo / AP

Les chiffres officiels sont spectaculaires : l’Italie a ­enregistré l’arrivée de 180 000 migrants en 2016, 120 000 en 2017, 23 000 en 2018, et 3 073 depuis le 1er janvier 2019. Des données auxquelles l’Organisation internationale pour les migrations ajoute, depuis janvier, 426 personnes qui ont disparu en tentant la traversée de la Méditerranée centrale, tandis que 3 750 étaient interceptées et ramenées en Libye. Un pays où, selon divers rapports d’ONG et de l’ONU, des migrants subissent violences, extorsions, tortures ou travail forcé.

Qu’importe : pour les institutions européennes, la « crise migratoire » est quasiment terminée, et la gestion du problème, largement déléguée à des Etats comme la Turquie et la Libye, a été payante. La fuite d’une série de documents, révélés notamment par le site Politico en février, a confirmé que le but premier de l’opération navale européenne « Sophia » était bien d’organiser le refoulement des migrants tentant la traversée de la Méditerranée centrale. La mission a certes contribué au sauvetage de près de 45 000 personnes, mais elle visait surtout à endiguer les départs, avec l’aide de gardes-côtes libyens, formés et financés par l’UE mais souvent liés à des milices, elles-mêmes liées à des trafiquants. Ils interviennent dans les eaux internationales pour ramener des embarcations en Libye, au mépris des conventions internationales qui prévoient le débarquement des personnes secourues dans un port « sûr ».

La fin d’une source d’alerte

« Sophia », résultant d’un savant compromis entre les pays partisans d’un sauvetage « proactif » et ceux prônant le refoulement, a été réduite à la portion congrue au printemps, privée d’équipements. Une victoire pour le gouvernement de Rome, soucieux aussi de favoriser le départ de la zone des bateaux d’ONG, interdits d’entrée dans les ports italiens depuis l’été 2018. La disparition des navires de l’opération « Sophia » a marqué la fin d’une source d’alerte et d’information sur ce qui se déroule vraiment dans cette zone. Il devient impossible, notamment, d’estimer le nombre de morts.

Les départs depuis les côtes africaines se sont subitement arrêtés à la mi-juillet 2017, à la faveur d’accords controversés avec plusieurs chefs locaux libyens, et à mesure de l’entrée en fonction d’unités de « garde-côtes » possédant des vedettes financées par l’UE. Dans le même temps, le ministre italien de l’intérieur Marco Minniti (Parti démocrate), prédécesseur de Matteo Salvini, mettait en place une réglementation des activités des ONG dans la zone, ce qui a eu pour effet d’entraîner le départ de la plupart d’entre elles dès l’été 2017. Et les communications entre les journalistes et le centre de coordination des sauvetages en mer (MRCC) de Rome ont progressivement cessé en 2017.

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