« L’ivresse des sommets, un grand classique des fusions »

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Les plus gros équipementiers aéronautiques mondiaux ont annoncé leur mariage, lundi. Enivrées par la course à la taille, les entreprises sous-estiment toujours les difficultés, explique dans sa chronique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h02 Temps de Lecture 2 min.

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Des bureaux de Raytheon à San Diego, en Californie, le 10 juin.
Des bureaux de Raytheon à San Diego, en Californie, le 10 juin. Mike Blake / REUTERS

Pertes & profits. Il y a, paraît-il, embouteillage pour grimper l’Everest en ce printemps. Audacieux et inconscients s’y bousculent et parfois y laissent leur vie. Une dizaine de morts en ce seul mois de mai 2019. Les entreprises rêvent également de grimper toujours plus haut. Sans vraiment en mesurer les risques, ni réaliser qu’à ces altitudes le jugement s’émousse et l’oxygène se fait rare. Leur altimètre à elles est le chiffre d’affaires. Plus il est gros, plus on sera fort, à la fois vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs et de ses actionnaires. C’est ce que pense Fiat, qui a échoué à mettre la main sur Renault, pourtant consentant.

Mais les champions du monde de la course à la taille restent les Américains. Dernier exemple en date, la fusion annoncée ce lundi 10 juin entre deux des plus gros équipementiers aéronautiques mondiaux, United Technologies (UTC) et Raytheon. L’ensemble, qui réunira sous un même toit les missiles Patriot et Tomahawk, le contrôle aérien, les moteurs d’avion Pratt & Whitney et les équipements de cockpit, sera la troisième société aéronautique mondiale, juste derrière Boeing et Airbus.

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Un cas d’anthologie en matière de complexité puisque le même UTC est à la fois en phase d’absorption de son concurrent Rockwell, acheté en 2018 pour près de 30 milliards de dollars (26 milliards d’euros), et en train de se séparer de ses activités historiques, les ascenseurs Otis et la climatisation Carrier, sous la pression des fonds activistes.

La direction financière est en surchauffe, pour le grand bonheur des banques conseils et des avocats qui font leur miel de l’optimisme indécrottable de grands patrons. Ils pensent, comme des alpinistes au camp de base, que le ciel leur appartient pourvu que la météo leur soit favorable. Surestimer ses forces et sous-estimer les difficultés est un des symptômes de l’ivresse des sommets et un grand classique des fusions. Elles se signent dans l’allégresse des « mariages entre égaux », avant de se terminer par de sérieuses gueules de bois.

Mauvais pour la concurrence

United Technologies, l’un des derniers très grands conglomérats américains, orchestre sa propre disparition. Ses actionnaires seront majoritaires dans le nouvel ensemble, mais son nom va s’effacer, au profit de celui de sa cible Raytheon, et il quittera son siège historique du Connecticut. Le patron d’UTC, Greg Hayes, promet des prix plus bas pour les clients et des dividendes plus élevés pour les actionnaires. Mais le premier client de Raytheon, l’armée américaine, en doute.

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