L’Irak en grève « jusqu’à la chute du régime »

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Pour la première fois depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, un mouvement de contestation nait de manière spontanée, avec des syndicats à sa tête.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 21h41

Temps de Lecture 3 min.

Des manifestants se tiennent à proximité d’un mur où est tagué la « Révolution des jeunes »,  à Bagdad, le dimanche 3 novembre 2019.
Des manifestants se tiennent à proximité d’un mur où est tagué la « Révolution des jeunes »,  à Bagdad, le dimanche 3 novembre 2019. Khalid Mohammed / AP

Les routes étaient encore coupées et les administrations fermées ce dimanche 3 novembre à Bagdad et dans le sud de l’Irak, un mois après le début des manifestations réclamant « la chute du régime ». Une contestation marquée par des violences policières qui ont fait, officiellement, au moins 257 morts.

Ce dimanche marque un tournant dans la contestation, et dans l’histoire des mouvements sociaux en Irak. Pour la première fois depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, un mouvement de contestation nait de manière spontanée, avec des syndicats à sa tête. Sous le dictateur, seules les manifestations de soutien au président ou à son tout-puissant parti Baas étaient autorisées. Aujourd’hui, note Harith Hasan, chercheur au centre Carnegie, « la société civile irakienne, sapée par des décennies d’autoritarisme du Baas et de confessionnalisme, reprend vie ».

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« Soi-disantes réformes »

Depuis plusieurs jours, des manifestants bloquent la route menant au port d’Oum Qasr, au Sud du pays, suscitant l’inquiétude des autorités pour les importations, notamment alimentaires. Des dizaines de bateaux ont repris la route sans avoir pu décharger leurs cargaisons, a indiqué une source portuaire.

Signe que les autorités s’inquiètent d’un impact économique important, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi est sorti de son silence dimanche soir, assurant que « de nombreuses revendications ont déjà été satisfaites » et qu’il faut maintenant « retourner à la vie normale ». Mais les promesses d’élections anticipées, de réformes du système des embauches et des retraites, n’y font rien.

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« On débute une campagne de désobéissance civile parce qu’on en a marre des mensonges du gouvernement et de ses soi-disant réformes », déclare Mohammed al-Assadi, qui manifeste à Nassiriya, où les principaux axes et ponts sont coupés.

A Bagdad, de jeunes manifestants ont garé des voitures en travers de routes, tandis que des cortèges d’étudiants et d’écoliers se dirigent vers la place Tahrir, épicentre de la contestation. A Kout, au sud de Bagdad, Tahssine Nasser, 25 ans, explique que « couper les routes » permet d’envoyer « un message au gouvernement » : « on restera dans la rue jusqu’à la chute du régime et le départ des corrompus et des voleurs ». Dans les villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, de plus en plus d’étudiants en religion participent aux manifestations.

La place Tahrir, le 2 novembre 2019.
La place Tahrir, le 2 novembre 2019. – / AFP

Snipers, grenades tueuses et enlèvements

Cette mobilisation inédite est cependant menacée par une campagne d’intimidation et des violences, régulièrement dénoncée par la communauté internationale et les défenseurs des droits humains.

Lors du premier épisode de manifestations, du 1er au 6 octobre, 70 % des quelques 250 morts avaient été touchés à la tête ou au torse par des tirs de snipers – des snipers que l’Etat affirme toujours ne pas pouvoir identifier. Depuis la reprise du mouvement, le 24 octobre, aucun tir à balles réelles des forces de l’ordre n’a été recensé dans la capitale, mais une quarantaine de manifestants y ont été tués. Les forces déployées tirent désormais des grenades lacrymogènes « brise-crânes », particulièrement lourdes. Celles-ci ont été responsables d’au moins cinq morts fin octobre.

Outre ces morts, des blogueurs et des militants ont été enlevés et des médias ont été attaqués. Dimanche, la Commission gouvernementale des droits humains a annoncé l’enlèvement de Saba Mahdaoui, une médecin et militante, dénonçant « des opérations d’enlèvement organisées » alors qu’une autre militante vient tout juste d’être libérée. La mère de Mme Mahdaoui et des militants ont affirmé qu’elle avait été kidnappée par des hommes « armés et masqués à bord de pick-ups » alors qu’elle revenait de Tahrir dans la nuit de samedi à dimanche. « C’est une honte pour toute la société irakienne », a dénoncé le chef de la Commission parlementaire pour les droits humains.

L’ancien Premier ministre Iyad Allaoui a, lui, ironisé sur le fait que « ceux qui ont pu localiser le chef du groupe Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi ne parviennent pas à localiser Saba Mahdaoui et à savoir qui l’a enlevée ».

Sur la place Tahrir, des violences nocturnes ont de nouveau fait un mort, selon des sources médicales, ainsi que des dizaines de blessés.

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