Lioubov Sobol, l’intransigeante avocate du peuple russe

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Police officers detain an opposition candidate and lawyer at the Foundation for Fighting Corruption Lyubov Sobol in the center of Moscow, Russia, Saturday, Aug. 3, 2019. (AP Photo/Dmitry Serebryakov)/XSG103/19215399467677//1908031310

Dmitry Serebryakov/AP/SIPA

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Pour la juriste russe de 31 ans qui s’est vue interdite de candidature aux élections du Parlement de Moscou, son smartphone reste le meilleur moyen de se faire entendre. Ses harangues filmées se transforment en autant d’appels à la mobilisation contre le Kremlin.

Bien droite dans son fauteuil, le visage impassible, presque glacial, Lioubov Sobol a la voix qui tremble légèrement, mais l’émotion est contrôlée. Pas besoin de hausser le ton, ce qui compte, ce sont les mots, les accusations précises qui fusent comme des balles. Face à l’avocate de 31 ans, Valery Gorbunov, chef de la commission électorale de la ville de Moscou depuis vingt-quatre ans. « Vous êtes un falsificateur et désormais tout le pays le sait. Votre réputation, comme celle du maire, est morte et enterrée. Vous venez de cracher sur l’opinion de millions de Moscovites, mais vous et votre bande, vous avez peur de gens comme nous, des candidats indépendants. » Gorbunov ne tique pas.

Ce 26 juillet, cet homme discret vient d’entériner la décision d’interdire les candidatures de Mme Sobol et d’une soixantaine d’autres candidats indépendants aux élections locales du 8 septembre. Interprétée comme un déni de démocratie, l’annonce a provoqué une crise profonde au cœur de l’été.

La jeune femme reprend : « Vous êtes des lâches, des faussaires, des voleurs, des escrocs et des tricheurs. Le pays entier vous connaît, maintenant. Il sait que vous avez une villa en Croatie. Vos revenus officiels ne vous permettent pas un tel achat, et ça le pays le sait aussi. Nous ne pouvons pas obtenir justice devant les tribunaux, nous ne pouvons pas obtenir justice ici, mais je suis sûre que, tôt ou tard, nous l’obtiendrons. Par les rassemblements dans les rues, par tous les moyens légaux, nous chercherons à faire reconnaître nos droits. Parce que, contrairement à vous, nous n’aimons pas la Croatie, mais nous aimons Moscou, nous aimons notre Russie. »

Interpellée pour la troisième fois

Succès garanti. En quelques heures, le monologue totalise 200 000 vues sur Twitter. Partout où va Lioubov Sobol, un cameraman la suit, qui diffuse ses coups d’éclat en temps réel sur les réseaux sociaux. Si l’opérateur est empêché, aucun problème, c’est elle qui tient le téléphone et se filme. La jeune femme conclut ce jour-là en appelant ses concitoyens à manifester à Moscou le lendemain, en faveur d’« élections libres ».

Lioubov Sobol, à Moscou, le 29 juillet. La jeune femme est en grève de la faim depuis le 13 juillet.
Lioubov Sobol, à Moscou, le 29 juillet. La jeune femme est en grève de la faim depuis le 13 juillet. Anastasia Tsayder pour M Le magazine du Monde

Le 27 juillet, ils sont des milliers à répondre à son appel dans les rues de Moscou mais le pouvoir ne se laisse pas faire : près de 1 400 personnes sont interpellées et des violences commises par les policiers. Le Kremlin espère ainsi en finir avec un mouvement de protestation embarrassant.

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