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Adrien s’apprête à entamer sa troisième période de quarantaine en moins de six semaines. Employé d’une grande entreprise française à Shanghaï, expatrié en Chine depuis près de dix ans, il est d’abord resté confiné une vingtaine de jours sur place, à la fin du mois de janvier, lorsque la première vague de propagation du coronavirus a été annoncée dans le pays.
Rapatrié en France sur proposition de son employeur, Adrien a ensuite décidé de rester en « quatorzaine » en restant confiné chez lui à son arrivée à Paris, le 10 février. D’ici le 6 mars, il devrait repartir à Shanghaï, encore une fois accompagné par son entreprise, pour reprendre le travail. A son retour en Chine, il devra observer une troisième période d’isolement à domicile avant de pouvoir se rendre au bureau.
Une succession de mesures de précaution qui traduit la gestion de l’épidémie dans les différentes parties du monde où elle se répand. « Vues de Chine, la France comme l’Italie sont désormais considérées comme des zones à risque », raconte le trentenaire au téléphone. Mercredi 3 mars, le bilan faisait état de 52cinquante-deux morts en Italie et de trois morts en France, deux pays considérés comme les principaux foyers du coronavirus en Europe.
Absence de consignes claires
Si Adrien a multiplié les périodes d’isolement au gré de ses allées et venues, d’autres ressortissants Français, rentrés en France après des séjours en Chine ou en Italie expriment, en réponse à un appel à témoignage du Monde, leur sentiment de devoir se débrouiller par eux-mêmes face à l’absence de consignes claires à leur arrivée sur le territoire.
Sur le site Internet du gouvernement dédié au coronavirus SARS-CoV-2, les consignes des autorités ne demandent plus, comme c’était le cas avant le 1er mars, aux voyageurs de retour d’une zone considérée comme « à risque » de respecter un confinement pendant quatorze jours, considérant cette mesure inutile dès lors que le virus circule désormais en France.
Elles encouragent en revanche certaines mesures de prudence : « Evitez de fréquenter des lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…) ; évitez toute sortie non indispensable (grands rassemblements, restaurants, cinéma…) », expliquent les autorités, avant de préciser que travailleurs et étudiants de tout âge peuvent se rendre sur leur lieu de travail et à l’école.
Encore faut-il entreprendre la démarche de s’informer. Revenue à Lyon, le 27 février, de vacances passées à Venise, Patricia Deboevere a été surprise de ne recevoir aucune recommandation des autorités. « En passant le service des douanes de l’aéroport, j’ai pensé : “ils vont réussir à nous dire que le virus n’a pas traversé la frontière” », s’est-elle inquiétée en déplorant avoir dû, par elle-même, estimer le risque de propager la maladie à ses proches.
Mme Deboevere a depuis pris la décision de limiter ses déplacements hors de son domicile. Elle a aussi refusé de garder ses petits enfants et accueille tout invité chez elle affublée d’un masque chirurgical. « Je le fais par responsabilité, pour les gens autour de moi, mais en fait tout le monde peut faire allègrement ce qu’il veut », déplore-t-elle.
Un universitaire de l’est de la France, lui aussi de retour de Venise, regrette également le manque de clarté des autorités :
« Je m’estime bien informé, mais les recommandations du site Santé publique France demeurent sujettes à interprétation. Devons-nous strictement rester chez nous ? Pouvons nous faire des courses, aller à la pharmacie, puis-je me rendre au bureau si je ne croise personne ? Puis-je sortir de chez moi, hors ville, sans contact, par exemple pour une balade ou du sport ? Surtout, pourquoi n’ai-je pas été soumis à des mesures contraignantes ? »
« On se sent plus en sécurité ici que n’importe où ailleurs »
Sarah, 28 ans, a préféré quitter la Lombardie, où elle travaille depuis trois ans, et avancer ses vacances en France face au « climat anxiogène » provoquée par le coronavirus dans cette région du nord de l’Italie. « Tous les bars, les restaurants, les cinémas étaient fermés. L’avion, qui affichait presque complet au moment de la réservation, était vide et les quelques passagers portaient tous un masque », se souvient-elle. Depuis son retour à Paris, le 28 février, elle a pris l’initiative de ne pas limiter ses sorties mais ne fait « pas la bise ou l’accolade » à ses proches.
Comparée à l’augmentation des contaminations en Europe et à la mise en place récente des consignes de précautions, la situation de la Chine parait aujourd’hui plus sécurisée à certains Français. « La situation en Chine est complexe, stressante, mais en phase de très nette amélioration. On se sent plus en sécurité ici que n’importe où ailleurs », témoigne Théo, qui travaille comme Adrien pour une société française à Shanghaï. « Je rentre [en France] pour raison professionnelle, et j’espère repartir rapidement en Chine », ajoute-t-il, en précisant avoir déjà effectué une « quatorzaine » à Shanghaï et avoir décidé de lui-même d’en entamer une nouvelle à son arrivée en France, lundi 2 mars.
« Face au coronavirus, je pense qu’il est aujourd’hui préférable d’être en Chine si le virus est présent partout dans le monde, abonde Adrien. Le pays a déjà six ou sept semaines d’expérience. Les contraintes de vies imposées, assez dures, ne pourraient pas être appliquées en France, ou la culture de la liberté est différente. Pourtant, vivre en Chine dans le cadre d’une pandémie est rassurant. »
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