« L’indépendance des banques centrales a toujours été jugée nécessaire à leur crédibilité »

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Contrairement à une opinion reçue, la règle l’indépendance des banques centrales ne s’est pas imposée à partir des années 1990, mais sa définition a varié selon les époques, rappelle dans une tribune au « Monde » l’économiste Eric Monnet.

Publié aujourd’hui à 14h00 Temps de Lecture 4 min.

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« La BCE constitue aujourd’hui dans le monde une exception, puisque l’objectif de stabilité des prix est inscrit dans les traités, et n’a pas un simple statut législatif. »
« La BCE constitue aujourd’hui dans le monde une exception, puisque l’objectif de stabilité des prix est inscrit dans les traités, et n’a pas un simple statut législatif. » Peter Langer/Insight / Design Pics / Photononstop

Tribune. Christine Lagarde arrive à la tête de la BCE dans un contexte de grande incertitude, en Europe comme ailleurs, sur le rôle que doivent jouer les banques centrales. Se pose notamment la question du degré d’indépendance souhaitable de la politique monétaire vis-à-vis d’autres politiques publiques (sociales, écologiques, budgétaires, macroprudentielles, etc.).

Pour aborder ces débats sereinement, il faut se débarrasser de certains mythes sur l’histoire de l’indépendance des banques centrales et définir précisément ce qu’on entend par ce terme. On lit trop souvent que l’indépendance serait une création récente, datant des années 1990, et une forme de fin de l’histoire nécessaire pour enfin lier les mains de gouvernements irresponsables.

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En réalité, les banques centrales ont toujours été indépendantes, et leur indépendance a toujours été jugée nécessaire à leur crédibilité : leur raison d’être est de déléguer la création de monnaie à une institution autonome. De ce fait, les conflits politiques entre gouvernements et banques centrales émaillent l’histoire ; les périodes de guerre, en Europe, faisant office d’exception. Rappelons que, même lors de l’épisode d’hyperinflation allemande de 1923, la banque centrale était légalement indépendante du gouvernement et n’avait aucune obligation de suivre ses ordres.

Les diverses interprétations de la notion d’indépendance

Mais la définition de l’indépendance a fortement varié au cours du temps, et, avec elle, la perception de ce qui rend la gestion de la monnaie crédible et légitime. Avant la seconde guerre mondiale, la grande majorité des banques centrales avaient un actionnariat privé. Ce n’était pas incompatible, même en temps de paix, avec un financement direct de la dette publique. Et puisque rien ne garantissait que des actionnaires privés soient plus responsables que les gouvernements, la création de monnaie était encadrée par des règles fixées par le Parlement, notamment concernant les prêts au Trésor, l’impression de billets ou les réserves d’or.

Les banques centrales furent nationalisées pendant les années 1930 ou après-guerre, car elles étaient accusées d’avoir servi des intérêts privés et d’avoir été passives face au désastre économique de la Grande Dépression. Leur rôle était toujours de maintenir la stabilité des prix – vaincre l’hyperinflation fut un grand combat de l’après-guerre – en adéquation avec la politique générale du gouvernement, alors marquée par la planification économique. Il était donc bien question d’une forme d’indépendance, mais cette fois pensée contre les intérêts privés et comme la défense d’un objectif singulier au sein de l’appareil d’Etat.

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