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EnquêteDepuis son accession au pouvoir, en 2014, le dirigeant nationaliste hindou méprise la science et défie les intellectuels. L’impuissance actuelle du pays face aux ravages de l’épidémie de Covid-19 doit beaucoup à cet obscurantisme. Officiellement, l’Inde dénombre plus de 300 000 morts. Le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé.
Un matin, c’était au début du mois de mai, des habitants de la ville de Buxar ont découvert une dizaine de corps flottant dans le Gange, boursouflés par une présence de plusieurs jours dans l’eau. Des heures durant, le courant a continué de charrier son lot d’horreurs. En tout, 71 cadavres ont été repêchés dans cette ville du Bihar, dans le nord-est de l’Inde. D’après les autorités, ils venaient de l’Etat voisin, l’Uttar Pradesh. Pour éviter que pareil incident se reproduise, elles ont fait tendre des filets à la frontière entre les deux régions. Leurs soupçons ont été confirmés lorsque, quelques jours plus tard, après un épisode de pluie, des centaines de cadavres sont apparus le long des rives sablonneuses du fleuve, en aval de la cité sainte de Bénarès.
Les raisons de cette hécatombe sont aujourd’hui connues : dans l’Uttar Pradesh, l’un des Etats les plus pauvres du pays, bien des familles sont trop démunies pour payer le bois nécessaire à une crémation, dont le prix peut atteindre 10 000 roupies (112 euros). Les corps de victimes présumées du Covid-19 ont donc été abandonnés, jetés à l’eau ou enterrés à la va-vite. Afin de mesurer l’ampleur du phénomène, le journal Dainik Bhaskar, publié en hindi, a envoyé trente reporters le long du Gange. Sur un tracé de plus de 1 100 kilomètres, ces derniers ont comptabilisé plus de 2 000 cadavres, alors que le gouvernement régional affirmait ne déplorer que 300 morts du Covid-19 par jour. La poétesse Parul Khakkar en a conclu que le fleuve sacré était devenu « un corbillard ».
Combien le deuxième pays le plus peuplé de la planète (1,38 milliard d’habitants) dénombre-t-il de victimes ? La question a émergé en même temps que l’épidémie, en février 2020, mais sans jamais trouver de réponse. Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi s’efforce de masquer l’ampleur de la tragédie en cours, refuse de reconnaître les faits, ignore les conseils des scientifiques. La réalité est pourtant bien là : le pays tout entier est malade du Covid-19 et d’un régime obscurantiste, qui a fait croire que la magie éloignerait le SARS-CoV-2 du sous-continent.
« L’empire de la mort »
Brillant politiste, Pratap Bhanu Mehta s’en est indigné en ces termes dans le magazine indépendant Outlook : « La deuxième vague de la pandémie aurait probablement frappé l’Inde de plein fouet de toutes les façons. Mais il ne fait aucun doute que l’indifférence, l’incompétence et l’insensibilité du gouvernement Modi ont donné à l’empire de la mort plus de prise qu’il n’en aurait eue autrement. (…) La gestion de la pandémie a été un exercice d’abdication spectaculaire. »
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