l’impunité n’est plus une option

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Editorial. Sidérée par l’irresponsabilité et le cynisme dont a fait preuve, dimanche 23 mai, le dictateur biélorusse, Alexandre Loukachenko, en forçant un avion de ligne européen à atterrir à Minsk pour s’emparer d’un opposant qui se trouvait à bord, l’Union européenne a réagi, dès lundi, avec les moyens dont elle dispose : unité et sanctions.

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La France, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait appelé à une riposte européenne « ferme et unie » à cet acte sans précédent, qualifié de « piraterie d’Etat » par de nombreux dirigeants. Le degré de fermeté sera jugé lorsque seront détaillées les sanctions ciblées qui doivent venir compléter les mesures, décidées lundi soir, d’interdiction des aéroports de l’UE à la compagnie aérienne biélorusse, et d’interdiction du survol de l’espace aérien biélorusse par les compagnies européennes.

Aveux forcés

L’unité, elle, a été heureusement manifeste dès l’ouverture du sommet européen réuni lundi et mardi à Bruxelles. Le choc suscité par l’opération du régime biélorusse, qui a poussé la provocation jusqu’à diffuser une vidéo d’aveux forcés, dans la pure tradition stalinienne, du jeune opposant Roman Protassevitch, au moment où les dirigeants des Vingt-Sept entamaient leurs discussions, a été unanime : même Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a récemment fait échouer par deux fois des prises de position européennes sur Israël et Hongkong, est rentré dans le rang.

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L’affaire se révélera encore plus grave pour l’UE s’il est confirmé que les trois passagers qui, en plus de M. Protassevitch et de sa compagne russe, Sofia Sapega, également arrêtée, ne sont pas remontés à bord à Minsk lorsque le vol Athènes-Vilnius a pu repartir étaient des agents secrets russes ou biélorusses. Cette information apporterait la preuve que ces services ont monté leur opération à partir du territoire de l’UE, comme cela a été le cas dans l’affaire de l’empoisonnement des Skripal au Royaume-Uni en 2018, dans les multiples exécutions d’opposants tchétchènes en Europe, ou dans l’explosion d’un dépôt de munitions en République tchèque en 2014.

Violations du droit international

Le défi, cependant, dépasse le cadre européen. Tout porte à croire qu’en détournant l’avion de Ryanair à l’aide d’un appareil militaire et sous un prétexte – une alerte à la bombe – dont elle n’a fourni aucune preuve, la Biélorussie a violé les conventions de Chicago sur l’aviation civile internationale et celle de Montréal sur la sécurité de l’aviation civile. Une enquête internationale permettra de le démontrer : si c’est bien le cas, toutes les parties à ces traités sont fondées à sanctionner Minsk. L’OTAN, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et les Etats-Unis appuient une telle enquête.

Car au-delà du sort infligé à Roman Protassevitch et aux centaines de détenus politiques enfermés dans les geôles de Loukachenko, l’opération biélorusse, soutenue par Moscou, fragilise un peu plus un système juridique international constamment attaqué par les régimes autoritaires à travers le monde. Du missile russe qui a abattu le vol MH17 au-dessus de l’Ukraine en 2014 à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul ou à la prise en otage de deux ressortissants canadiens par Pékin, les violations du droit international se multiplient et la répression sans frontières s’intensifie.

S’il veut préserver un minimum d’ordre sur la planète, le monde démocratique se doit de réagir avec fermeté et unité. L’impunité n’est plus une option.

Le Monde

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