« L’idée répandue d’une absence de forces au sol en Syrie est erronée »

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Le combat contre l’organisation Etat islamique est d’abord celui des troupes locales, défend, dans un entretien au « Monde », ce général de division aérienne, qui a participé aux opérations de la coalition dans la région.

Propos recueillis par Gaïdz Minassian Publié aujourd’hui à 06h30

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Le contexte

Le colonel François-Régis Legrier, chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019, est l’auteur d’un article paru dans la Revue défense nationale (RDN, n°817), en février.

Intitulé « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? », celui-ci critique la méthode et les résultats de la coalition internationale sous commandement américain dans la guerre contre l’organisation Etat islamique.

A peine publié, l’article a suscité une vive réprobation de la part de la hiérarchie militaire, et notamment de la ministre des armées, Florence Parly. Il est reproché au colonel Legrier de ne pas avoir soumis son projet et de s’être exprimé sans attendre son retour en France – le premier « retour d’expérience » que doit un chef de corps auprès de ses généraux est le traditionnel « compte rendu de fin de mission » confidentiel.

L’article a été retiré du site de la RDN, son rédacteur en chef, le général Jérôme Pellistrandi ayant indiqué « avoir manqué de discernement ».

L’ancien colonel et historien Michel Goya, qui apporte son soutien au colonel Legrier, a diffusé sur Twitter l’article en question.

De son côté, le général Serge Cholley, représentant de la France auprès du commandant de l’opération « Inherent Resolve » de juillet 2016 à 2017, apporte des éclairages plus précis sur la stratégie de la coalition et s’exprime dans « Le Monde » avec l’aval de sa hiérarchie.

Général de division aérienne, Serge Cholley a participé à des opérations (« Inherent Resolve », « OIR ») au sein de l’état-major de la coalition internationale, basé à Koweït et à Bagdad, de juillet 2016 à juillet 2017. Il est l’auteur de plusieurs articles dans la Revue Défense nationale sur la stratégie des Occidentaux en Irak et en Syrie. Il s’exprime ici avec l’autorisation de sa hiérarchie.

La guerre contre l’organisation Etat islamique est-elle gagnée ?

L’est-elle à l’heure où je vous parle, nul ne peut le certifier. Le sera-t-elle prochainement ? Tout le laisse penser. L’effondrement militaire du pseudo-califat est le fruit de la détermination des forces engagées, au premier rang desquelles les Irakiens eux-mêmes et les forces arabo-kurdes en Syrie, qui ont d’abord su résister seules contre les vagues islamistes, avant de reprendre l’initiative grâce à l’appui de la coalition, principalement depuis les airs mais aussi au sol. Pour autant, nous sommes convaincus qu’on n’éteint pas une idéologie par la seule force des armes. Une fois la victoire militaire obtenue, l’action devra se poursuivre sur un mode sécuritaire et dans le champ des perceptions. Ces actions relèvent surtout du pouvoir politique.

Peut-on parler, pour reprendre les termes du colonel François-Régis Legrier, de « victoire tactique et de défaite stratégique » de la coalition lors de la bataille d’Hajin ?

Je ne vais pas porter de jugement sur la bataille d’Hajin, qui vient tout juste de s’achever, et alors même que des combats se poursuivent dans la localité de Baghouz. Les militaires ne sont pas des instruments de puissance qui agissent sans ordre. Avant tout engagement des armées, il y a une décision politique. Il appartient ensuite au chef d’état-major des armées de la traduire en ordres militaires. Nos objectifs sont en passe d’être atteints. Les combats ont été d’une grande âpreté, du fait du fanatisme de l’ennemi. A plusieurs reprises, Daech a été tout près de reprendre un avantage local et seuls les appuis de la coalition ont permis d’éviter revers et enlisement.

« Sur le plan opérationnel, la campagne d’Hajin est un succès militaire incontestable. Seul l’agenda a été plus long que prévu »

Sur le plan opérationnel, la campagne est un succès militaire incontestable. Seul l’agenda a été plus long que prévu. Ce retard est sans conséquence. Il est moins le fait des forces engagées au sol ou en l’air que le résultat des initiatives de certains acteurs de cette crise régionale qui avaient de l’intérêt à ralentir l’effondrement de Daech, en posant des obstacles sur la trajectoire de la coalition. Enfin, si l’on considère que la stratégie est la rencontre de deux volontés, celle de la coalition n’a jamais fléchi. Cette détermination a fini par faire plier l’adversaire.

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