Libreville veut booster la filière bois – JeuneAfrique.com

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Depuis 10 ans le Gabon a réorienté la filière bois en misant sur la transformation et en stoppant l’export des grumes. Les importations de celles-ci depuis l’étranger, des projets de plantations et un retour envisagé vers des coupes « contrôlées » de kevazingo renforcent encore cette stratégie.


Début août, l’entreprise Gabonese best natural resource (GBNS), issue d’un partenariat public-privé Gabon special economic zone (GSEZ) a décidé d’importer plus de 20 m3 de teck d’Asie. Ce premier test permettra de mesurer les capacités de production au Gabon d’un alliage de bois asiatique et gabonais. À terme : »d’autres entreprises gabonaises pourraient faire de même (…) on voit que des pays asiatiques importent des grumes depuis l’étranger, pourquoi par le Gabon? », estime Lee White, ministre de la Forêt depuis juin 2019, joint par Jeune Afrique.

Autre mesure envisagée : des plantations de plus de 200 000 hectares d’ici 2025, précise le ministre. Riche en bois de qualité, la forêt gabonaise produit une soixantaine d’essences exploitables, et notamment de l’Okoumé, assez prisé dans le contreplaqué. Avec les plantations, le reste de la forêt pourra être d’autant mieux préservé, estime Lee White, un ancien directeur de et ancien directeur de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).

Enfin, le gouvernement a promis l’arrivée de 80 nouvelles usines de transformation sur la zone économique spéciale de Nkok, située à plus d’une vingtaine de kilomètres de la capitale Libreville, et qui accueille déjà plus de 141 investisseurs de 18 pays.

L’épine logistique

Malgré le développement du secteur bois, le processus d’industrialisation souffre de l’état des routes du pays, estiment unanimement les acteurs de la forêt. Au Gabon, moins de 20 % du réseau routier est en bon état, selon la Banque africaine de développement (BAD). Les difficultés de transport routier, ou même d’occasionnels accidents de train, pèsent sur l’approvisionnement des usines de grumes, indique un responsable de la zone économique de Nkok.

Cette zone franche, qui ambitionne d’attirer les investisseurs, transforme un tiers du bois coupé dans les forêts gabonaises. Elle doit aujourd’hui composer avec un manque de grumes pour ses usines, indique-t-on en interne. Enfin, le Gabon bénéficie de moins de recettes fiscales qu’avant l’interdiction de l’exportation des grumes en 2009 – la taxe liée à l’exportation des grumes n’existant plus.

« Mais Libreville se rattrape progressivement, car la fiscalité augmente pour ce qui concerne l’exportation des produits transformés », indique Bernard Cassagne, du cabinet Forêt Ressource Management (FRM).

Vers une reprise de l’exploitation du kevazingo

Afin d’améliorer les recettes de l’État, Lee White prône également la valorisation du kevazingo, une essence rare dont la coupe est interdite depuis mars 2018. Ce bois précieux a été rendu d’autant plus célèbre il y a quelques mois avec l’affaire dite du « kevazingogate ».

Celle-ci remonte à mars 2019, quand les autorités gabonaises annonçaient la découverte de plusieurs containers et bois sciés de kevazingo dans des sites d’entreposage du port d’Owendo, prêts à être frauduleusement exportés. En mai, le procureur Olivier Nzahou avait annoncé la « disparition »de « 353 containers de kevazingo » alors qu’ils avaient été mis sous scellés de justice. L’affaire avait coûté les places au gouvernement de l’ancien vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou et de l’ex-ministre de la Forêt, Guy-Bertrand Mapangou.

Le remplaçant de ce dernier veut désormais rentabiliser le kevazingo entreposé depuis les interdictions d’exploitation grâce à une transformation sous forme de meubles fabriqués au Gabon qui seraient ensuite exportés. « Un mètre cube de kevazingo scié, ou sous forme de grume, se vend entre 300 000 F CFA et 800 000 F CFA, alors que transformé en meuble, la valeur est multipliée par cent pour atteindre 30 à 60 millions de F CFA le mètre cube », détaille Lee White.

Traçabilité du bois précieux

Le ministre ambitionne même de lever la mesure d’interdiction de coupe datant de mars 2018 : « ce n’est pas logique de se priver de l’exploitation durable de « keva”. On pourrait raisonnablement en exploiter entre 50 000 et 60 000 mètres cube par an », estime le ministre qui compte augmenter le niveau de traçabilité des grumes de ce bois précieux.

La reprise de la valorisation du kevazingo inquiète déjà quelques défenseurs de l’environnement, qui se souviennent que cette essence a fait l’objet d’un vaste trafic depuis environ cinq ans, quand le marché asiatique s’y était intéressé. Ils espèrent que les promesses d’exploitation durable de ce bois se traduiront dans les faits.



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JeuneAfrique

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