L’Europe ne se laisse plus séduire par Pékin

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Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, et son homologue allemand, Heiko Maas, lors de leur rencontre à Berlin, le 1er septembre.

L’opération de charme de la diplomatie chinoise vis-à-vis de l’Europe a échoué. Pour éloigner encore davantage l’Union européenne (UE) des Etats-Unis et préparer le sommet – virtuel – que les dirigeants européens doivent tenir avec le président Xi Jinping le 14 septembre, Pékin vient d’envoyer ses deux principaux diplomates sur le Vieux Continent. Le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, a visité l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège (non membre de l’UE), la France et l’Allemagne fin août avant que son prédécesseur, Yang Jiechi, désormais responsable des relations internationales au sein du Parti communiste chinois, membre du bureau politique, ne se rende les 3 et 4 septembre en Espagne et en Grèce.

Le choix même des destinations est révélateur. Les deux hommes n’ont visité aucun des pays d’Europe centrale sur lesquels Pékin misait tant ces dernières années. Pire, leurs déplacements ont coïncidé avec le voyage ultra-médiatisé du président du Sénat tchèque, Milos Vystrcil, à Taïwan. Un véritable affront pour Pékin.

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Encore plus étrange, aucun des deux diplomates ne s’est arrêté à Bruxelles, comme cela eut été logique. Pékin aurait peu apprécié les déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui, à la fin du dernier sommet Chine-UE le 22 juin, avait dénoncé des cyberattaques chinoises contre des hôpitaux européens pendant la pandémie. De plus, celle-ci a annoncé que la loi sur la sécurité nationale à Hongkong aurait des « conséquences très négatives », mais rien ne s’est produit. « Pékin a eu la confirmation que le vrai pouvoir était dans les capitales nationales », note un diplomate européen.

« Affront démocratique »

Mais, dans la plupart des pays, rien ne s’est passé comme prévu. En Italie, Wang Yi avait sollicité une demande d’entretien au premier ministre, Giuseppe Conte. Il n’a été reçu que par son homologue Luigi Di Maio qui a dénoncé la situation à Hongkong. Aux Pays-Bas, le ministre des affaires étrangères néerlandais, Stef Blok, a évoqué les droits humains, Hongkong et la nécessité d’y organiser des élections, le Xinjiang ainsi que le Tibet.

En Norvège, Wang Yi a, d’un point de vue diplomatique, commis deux impairs, qui sont en fait les signes de la posture agressive de la Chine. Il a remis en cause l’origine chinoise du Covid-19 et déconseillé à Oslo d’attribuer un prix Nobel de la paix aux Hongkongais qui se battent contre Pékin.

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De son côté, Yang Jiechi n’a pas eu non plus la partie facile. En Espagne, la ministre des affaires étrangères, Arancha Gonzales, a laissé ouverte la question du déploiement de la 5G, sur lequel mise la Chine, par le biais de Huawei, mais a évoqué la situation à Hongkong, au Xinjiang et rappelé l’importance de la liberté de navigation en mer de Chine du Sud. Et en Grèce, le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, lui a demandé de prendre parti contre « l’agression de la Turquie » en Méditerranée. « La Grèce peut et veut discuter la définition des zones maritimes en mer Egée sur la base du droit international et pas de la menace », a-t-il dit. Remplacez mer Egée par mer de Chine du Sud et la déclaration pourrait émaner des Philippines ou du Vietnam et viser Pékin, qui ne reconnaît pas un jugement international en sa défaveur.

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