« L’Europe apprend à être ce qu’elle n’est pas : une puissance politique »

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Dans le conflit en cours entre Washington et Téhéran, l’UE cherche à protéger la République islamique des sanctions américaines. Ce faisant, elle s’éveillerait à un début de conscience et d’autonomie stratégiques, estime dans sa chronique Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 02h50 Temps de Lecture 4 min.

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Au Conseil européen à Bruxelles (Belgique), le 2 juillet.
Au Conseil européen à Bruxelles (Belgique), le 2 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR LE MONDE

Promoteur de génie, Donald Trump vient de réaliser une performance diplomatique peu commune, un « casting » rare. Qui aurait imaginé voir un jour pareil spectacle : les démocraties européennes alliées à la République islamique d’Iran pour contrer les Etats-Unis ? C’est pourtant ce qui arrive. Dans le conflit en cours entre Washington et Téhéran, l’Union européenne (UE) cherche à protéger l’Iran des sanctions américaines. L’Europe, puissance économique, apprend à être ce qu’elle n’est pas : une puissance politique.

On dira que ce n’est pas la première fois que l’UE affiche ses divergences avec la diplomatie trumpiste. Sur le Proche-Orient, sur la lutte contre le réchauffement climatique et, précisément, sur la question qui nous occupe, le contrôle du programme nucléaire iranien, les pays de l’UE, Royaume-Uni compris, sont en désaccord total avec les Etats-Unis. Mais, cette fois, l’Europe, unie, agit. Elle cherche à neutraliser la politique américaine. Elle passe de la posture au geste, du discours à la pratique. Elle esquisse une action contre l’Amérique.

Ce défi a pour nom Instex, le mécanisme de troc commercial que les Européens viennent de mettre sur pied. Il doit permettre aux sociétés de l’UE de continuer à commercer avec l’Iran en échappant aux sanctions américaines. Instex est le début d’un bouclier contre ce privilège extravagant et exorbitant que les Etats-Unis s’octroient : l’extraterritorialité du droit américain. Celle-ci donne toute sa force à l’embargo économique suffocant auquel Washington soumet les Iraniens depuis 2018.

Lire aussi Comment l’UE veut commercer avec l’Iran, en échappant aux sanctions américaines

Donald Trump a dénoncé, l’an passé, l’accord de contrôle du nucléaire iranien signé en 2015 par les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne (auquel se joindra l’UE en tant que telle). A coups de sanctions renouvelées et renforcées, le président américain veut forcer l’Iran à négocier un nouvel accord, incluant, outre le nucléaire, l’arsenal de missiles balistiques de Téhéran et sa politique régionale.

Optimisme

On dira qu’Instex est pour l’heure un dispositif plus symbolique qu’opérationnel. Aucun groupe important ne prendra le risque de contourner l’embargo au risque de se voir interdire le marché américain.

La Chine et la Russie, les alliés de la République islamique, ne se comportent pas différemment. Pékin a déclaré son intention de continuer à acheter du pétrole iranien, mais les grandes sociétés chinoises ont quitté la République islamique en même temps que leurs consœurs occidentales – dès l’annonce des sanctions américaines. Enfin, les Russes, exportateurs d’hydrocarbures, n’accueillent pas comme une tragédie la tension à la hausse du prix du baril consécutive à l’embargo américain…

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