« L’Europe a obligation a être un pouvoir »

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Alors qu’il s’apprête à laisser son fauteuil à Ursula von der Leyen, le président de la Commission européenne dresse un bilan de cinq années de mandat, et conteste, notamment, la manière dont a été désignée sa successeure.

Par et Publié aujourd’hui à 11h00

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Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles, le 15 octobre.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles, le 15 octobre. Francisco Seco / AP

Ce jeudi 7 novembre, dans son bureau qui surplombe le quartier européen de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, bientôt 65 ans, se dit éreinté. « Je ne peux pas continuer à travailler 17 heures par jour, c’est pour cela que je ne voulais pas d’un second mandat », confie-t-il. Il se prépare, après une intervention chirurgicale pour un anévrisme aortique, à céder sa place à Ursula von der Leyen, le 1er décembre en principe. « Il faut que je déménage, c’est très dur, je dois donner des livres », dit-il. Le collage que lui ont offert ses commissaires pour son départ, avec des photos et des petits mots, trône à côté de son bureau. Il y a aussi une boîte noire, que lui a offerte Thierry Breton il y a longtemps, et qui contient, explique-t-il, un téléphone que personne ne peut écouter. Et il sort de sa poche un vieux Nokia avec un numéro luxembourgeois, qu’il utilise, dit-il, pour appeler en toute sécurité Emmanuel Macron, Angela Merkel ou Donald Trump…

Quels sont les pire et meilleur souvenirs du président de la Commission au bout de cinq années ?

Le pire, l’effort presque surhumain que j’ai dû accomplir pour garder la Grèce au sein de la zone euro. J’ai subi de fortes pressions, y compris de chefs d’Etat et de gouvernement, pour l’éjecter mais, me référant aux traités que je suis l’un des derniers à connaître, j’ai rappelé que la Commission était la garante de l’intérêt général et qu’un « Grexit » entraînerait la décomposition de la zone euro. François Hollande m’a, à cet égard, beaucoup aidé mais vous en dire plus m’obligerait à dire du mal de trop de personnes.

Deux de mes échecs furent sans doute l’impossibilité de conclure un accord-cadre avec la Suisse et de réunifier l’île de Chypre, qui était l’une de mes ambitions, un peu folles, de départ. Plus généralement, et même si ce ne fut pas mon échec personnel, je regrette que nous n’ayons pu accomplir davantage de progrès dans le domaine de la migration.

Le meilleur souvenir ? Le succès du Plan Juncker d’investissements, que plus personne ne baptise ainsi, précisément parce qu’il a été un succès… On parle donc du Fonds européen d’investissement stratégique.

Je suis aussi assez content d’être parvenu à m’entendre avec Donald Trump, à Washington le 25 juillet 2018, quand nous avons pu conclure l’armistice de la drôle de guerre commerciale qui pointait son nez. J’ai pu construire avec Trump une relation disons, adéquate ; il a fini par comprendre et permettre ce qui ne fut sans doute pas un succès, mais pas non plus un échec.

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