l’Europe a besoin du Royaume-Uni

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Boris Johnson, lors d’une conférence de presse sur la propagation du coronavirus, le 18 mars 2020, à Londres.
Boris Johnson, lors d’une conférence de presse sur la propagation du coronavirus, le 18 mars 2020, à Londres. Eddie Mulholland / AP

Editorial du « Monde ». Après plusieurs jours d’atermoiements, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé, dans la soirée du mercredi 18 mars un nouveau resserrement des mesures destinées à freiner la pandémie de Covid-19. Les écoles britanniques, déjà largement désertées, seront fermées à partir de vendredi après-midi et les Londoniens pourraient être soumis dans les jours qui viennent à un confinement comparable à celui que plusieurs pays du continent, dont la France et l’Allemagne, imposent déjà.

La veille, Rishi Sunak, le chancelier de l’Echiquier, avait promis qu’il ferait tout, « quoiqu’il en coûte » sur le plan budgétaire, pour aider le pays à surmonter la crise que plusieurs journaux britanniques comparent à « une guerre ». Des rhétoriques qui résonnent comme un écho aux discours du président français Emmanuel Macron.

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Le gouvernement britannique revient de loin. L’idée de laisser filer la pandémie afin de déclencher une « immunité collective » de la population a tenu lieu de stratégie jusqu’à ce que des scientifiques avertissent qu’une telle conduite pourrait coûter rien de moins que 250 000 morts.

Lundi, Boris Johnson a abandonné ce pari hasardeux et conseillé aux Britanniques de « stopper tout contact non essentiel » et de pratiquer au maximum le télétravail. La progression de la maladie – 104 morts recensés mercredi soir – et une volée de critiques ont conduit M. Johnson à franchir un nouveau pas vers le confinement. « On a perdu du temps, des morts auraient pu être évités », tonne Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale The Lancet.

Brexit ou pas…

Le premier ministre français, Edouard Philippe, n’aura donc sans doute pas à mettre à exécution la menace qu’il a brandie, mardi soir, de fermer la frontière avec le Royaume-Uni si ce pays continuait à diverger dans sa stratégie de lutte contre le Covid-19. Londres continue de bénéficier des règles de l’UE pendant la « période de transition » vers le Brexit qui court jusqu’au 31 décembre et échappe ainsi à la fermeture des frontières extérieures de l’Union décrétée lundi.

Brexit ou pas, l’Europe, Royaume-Uni compris, doit faire preuve de cohésion, coordonner son action et adopter la stratégie la plus cohérente possible pour lutter contre un virus qui ignore les frontières. Or la cacophonie, le manque de leadership et le « chacun pour soi » qui prévalent jusqu’à présent au sein de l’Union européenne n’ont rien qui puisse donner des regrets aux Britanniques partisans du Brexit. Ni permettre aux continentaux de faire la leçon à leurs voisins insulaires.

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En posant à chacun des questions de vie ou de mort, la pandémie bouscule les idéologies, bouleverse la donne politique et rééchelonne les priorités : l’ultralibéral Johnson n’exclut pas l’instauration d’un revenu universel pour traiter les ravages économiques du virus, et les négociations sur le Brexit sont ajournées sine die. La date butoir du 31 décembre elle-même apparaît désormais dérisoire. Le Covid-19, en valorisant la parole scientifique et en ébranlant la mondialisation, affaiblit deux des fondamentaux du premier ministre britannique : la défiance à l’égard des experts et la religion du libre-échangisme planétaire.

L’heure est aux solidarités et à l’efficacité dans une bataille de longue haleine, pas aux égoïsmes nationaux et aux vaines querelles. Chaque pays doit surmonter à son rythme la sidération que provoque la pandémie. Mais c’est unie que l’Europe gagnera la guerre contre le Covid-19. Et pour cela, elle a besoin du Royaume-Uni.

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Le Monde

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