lettre aux indécis qui hésitent à aller voter dimanche

0
255

[ad_1]

A quoi servira le vote ? Et surtout, comment choisir entre les 34 listes candidates ? Quelques réflexions pour y voir plus clair.

Par Publié aujourd’hui à 08h00

Temps de Lecture 6 min.

Cher(e) ami(e),

Comme la plupart des Français(es), tu n’as pas suivi grand-chose à la campagne des européennes et, à la veille du scrutin de dimanche, tu te poses deux questions :

1) Cela sert-il à quelque chose d’aller voter ?

2) Si oui, comment choisir entre les 34 listes qui se présentent ?

Je n’ai pas la prétention d’avoir la réponse définitive à ces deux questions, mais voici quelques réflexions qui pourront t’aider à y voir plus clair.

1) Pourquoi voter ?

La première chose qui peut te pousser à aller voter, comme pas mal de tes compatriotes, c’est d’envoyer un message à Emmanuel Macron et au gouvernement – en votant pour la liste macroniste ou pour l’un de ses adversaires, selon que tu le soutiens ou que tu le combats. Il est certain que le résultat de ces élections en France renforcera ou affaiblira le président pour la suite de son mandat, mais il ne faut pas non plus te faire d’illusions : ce n’est pas parce que sa liste arrivera en tête qu’Emmanuel Macron se sentira autorisé à faire ce qu’il veut ; ou, à l’inverse, qu’il démissionnera en cas de revers électoral.

Mais le vrai enjeu de ces élections, ça reste quand même l’Europe : le 26 mai, on vote pour choisir les 79 eurodéputés qui représenteront la France au Parlement européen jusqu’en 2024, et voteront en notre nom des lois cruciales sur des sujets aussi importants que le réchauffement climatique, l’évasion fiscale, la lutte contre le terrorisme ou les migrations. Contrairement à une idée reçue, l’UE n’est pas une dictature technocratique de Bruxelles, et le Parlement joue souvent un rôle crucial pour imposer des mesures ambitieuses. Les députés européens ont beaucoup plus de pouvoir que les députés français et leur accord est nécessaire pour valider la plupart des décisions européennes.

Or, en fonction de ton vote et de celui des 427 millions d’autres électeurs européens, le futur Parlement européen penchera plutôt à droite ou à gauche, sera plus ou moins écolo, plutôt proeuropéen ou souverainiste. Dans une assemblée qui n’a jamais de majorité et fonctionne sur le compromis permanent, chaque voix peut compter dans l’hémicycle.

Le résultat du vote influencera aussi la couleur politique du prochain président, ou de la prochaine présidente de la Commission européenne – le moteur de la politique européenne.

Si tu choisis de ne pas voter, tu contribueras certes à affaiblir la légitimité du Parlement européen, et donc de l’Union européenne – ce qui peut te plaire si jamais tu es antieuropéen(ne). Mais il y a quand même de grandes chances que celle-ci continue d’exister et de prendre des décisions dans les cinq prochaines années.

2) Pour qui voter ?

Je te le concède, il n’est pas facile de faire ton choix entre les 34 listes qui se présentent. Je t’aurais bien conseillé de lire leurs programmes pour te faire une idée, mais ne te fais pas de faux espoirs : la plupart des manifestes électoraux sont truffés de promesses irréalistes, en décalage complet avec la réalité européenne, qui ont très peu de chances d’être tenues.

Je te suggère plutôt de voter pour la liste qui porte la philosophie générale la plus proche de la tienne. Je vais donc tenter de te résumer dans les grandes lignes celle des principaux partis, sur la base de leurs discours de campagne et surtout de ce qu’ils ont voté par le passé au Parlement européen.

  • La liste macroniste, menée par Nathalie Loiseau, est libérale et proeuropéenne. Elle est alliée au groupe centriste ADLE (pour Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), qui a soutenu la plupart des initiatives de la Commission européenne ces dernières années. Elle veut plus ou moins poursuivre dans cette direction, tout en rendant l’Europe « plus protectrice » (pour combattre le dumping social et environnemental ou l’optimisation fiscale des multinationales). La liste macroniste souhaite aussi renforcer la coopération européenne en matière d’immigration, de sécurité et de défense, et a mis au cœur de son projet l’écologie – une ambition sur laquelle on peut se questionner car, par le passé, les élus centristes européens n’ont pas toujours défendu les options les plus ambitieuses pour la protection de l’environnement.

  • Le Rassemblement national (RN), dont la liste est menée par Jordan Bardella, a renoncé depuis 2017 à faire sortir la France de l’Union européenne et de l’euro. Son projet est désormais de changer l’Europe de l’intérieur, en la dépouillant de la plupart de ses compétences et institutions pour la transformer en une « alliance des nations » minimaliste. Si le RN a désormais plusieurs alliés de poids, en Italie ou aux Pays-Bas, il est très improbable qu’ils puissent rassembler une majorité souverainiste au Parlement européen pour imposer leur projet – et même qu’ils se mettent d’accord entre eux. Les élus RN vont donc probablement continuer à siéger dans l’hémicycle comme une force d’opposition sans véritable influence, en s’opposant à la plupart des initiatives de l’Europe, comme ils l’ont fait lors du précédent mandat. Le même constat s’applique à la liste souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).

  • Les Républicains (LR), emmenés par François-Xavier Bellamy, sont affiliés au Parti européen de la droite conservatrice (le PPE), au pouvoir en Europe depuis 2004. Ils se placent donc dans la continuité de la politique menée ces quinze dernières années, avec quelques différences par rapport aux macronistes – comme une approche plus ferme sur l’immigration, les frontières et l’identité, une attitude accommodante à l’égard de la Hongrie de Viktor Orban ou des règles pour donner la priorité aux travailleurs et entreprises français et européens par rapport aux étrangers. Ils défendent la candidature du conservateur allemand Manfred Weber à la tête de la Commission européenne.

  • Europe Ecologie-Les Verts (EELV), représenté par Yannick Jadot, place l’écologie en priorité absolue de son programme, même s’il prône aussi un combat offensif contre l’évasion fiscale, les accords commerciaux et pour la transparence. Des positions que les élus écologistes défendent depuis des années au sein de leur (petit) groupe au Parlement européen. S’ils ont peu de chances d’obtenir une majorité, ils espèrent grossir leurs rangs pour pouvoir peser davantage de l’intérieur sur les décisions européennes des cinq prochaines années.

  • La France insoumise (LFI), emmenée par Manon Aubry, défend des positions proches des écolos sur l’environnement, le libre-échange et l’évasion fiscale. Elle diverge toutefois sur la méthode pour imposer ses vues : plutôt que de négocier des compromis, elle entend s’affranchir des règles budgétaires européennes, qui freinent, selon elle, le combat climatique. Les « insoumis » souhaitent renégocier les traités européens, voire même y désobéir de façon unilatérale s’il le faut. Cette stratégie, déjà compliquée sur le plan du droit, a relativement peu de chances d’aboutir, car la révision des traités suppose une unanimité des dirigeants des 28 Etats européens. Il est relativement improbable que les « insoumis » et leurs alliés européens, crédités de moins de 10 % des sièges dans le prochain Parlement, parviennent à imposer leurs vues. Ils défendront donc probablement leurs positions dans le cadre européen actuel lors des cinq prochaines années, au sein du groupe de la gauche radicale (GUE, pour Gauche unitaire européenne), aux côtés des éventuels élus du Parti communiste français (PCF), dont la liste est menée par Ian Brossat.

  • Le Parti socialiste (PS), représenté par Raphaël Glucksman, défend une Europe plus ambitieuse sur le plan social et environnemental. Son espoir, c’est que les sociaux-démocrates européens deviennent la première force politique du prochain Parlement en dépassant la droite. Un tel scénario, assez improbable selon les derniers sondages, ne bouleverserait pas l’Europe : le chef de file des sociaux-démocrates, le Néerlandais Frans Timmermans, était déjà le numéro deux du président Jean-Claude Juncker pendant les cinq dernières années, tandis que la droite et la gauche gouvernaient ensemble dans le cadre d’une coalition.

Tu peux aussi bien sûr voter pour l’une des 26 autres listes en compétition, mais sache qu’il est assez improbable que cela ait un impact sur l’avenir de l’Europe. Même si ces listes réussissaient à franchir la barre des 5 % des voix, nécessaire pour obtenir des députés, ces élus seraient isolés au sein du prochain Parlement européen, et ne pourraient guère peser, faute d’alliances.

En revanche, tu peux te dire qu’un bon score des listes favorables au « Frexit » (UPR, Les Patriotes), aux droits des animaux (Parti animaliste), au féminisme (A voix égales), à l’espéranto (Europe Démocratie Espéranto) ou aux « gilets jaunes » (Evolution citoyenne, Alliance jaune) renforcerait la visibilité de leurs idées sur la scène politique française pour l’avenir.

Voilà, cher(e) ami(e), j’espère t’avoir un peu éclairé(e) sur les enjeux de ces élections européennes. Maintenant, c’est à toi de jouer.

Réagissez ou consultez l’ensemble des contributions



[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: