L’Espagne, pionnière de la lutte contre les violences faites aux femmes

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Depuis 2004, le pays a mis en place une série de mesures pour protéger les victimes. En 2018, 47 femmes sont mortes, contre 71 en 2003.

Par Sandrine Morel Publié aujourd’hui à 09h06, mis à jour à 09h07

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Rassemblement lors de la Journée internationale des droits des femmes, à Madrid, le 8 mars 2019.
Rassemblement lors de la Journée internationale des droits des femmes, à Madrid, le 8 mars 2019. Bernat Armangue / AP

S’il fallait mettre une date à la prise de conscience généralisée en Espagne du drame de la violence de genre, ce serait le 17 décembre 1997. Ce jour-là, Ana Morentes, 60 ans, est brûlée vive par son ex-mari. Dix jours plus tôt, cette Andalouse, mère de huit enfants, avait témoigné à la télévision de l’enfer qu’elle avait vécu durant près de quarante ans, des coups, des agressions, des humiliations et de l’isolement, infligés par celui qu’elle avait épousé.

Devant les téléspectateurs, elle avait raconté qu’après la légalisation du divorce, en 1981, elle avait déposé plus de quinze plaintes contre lui sans trouver le soutien dont elle avait besoin. Et quand elle a finalement obtenu le divorce, en 1996, le juge l’a obligée à partager sa maison avec son ex-mari. Son histoire avait été brandie par les associations féministes pour dénoncer le manque de réponse judiciaire et sociale à la violence machiste. Sa mort fut un traumatisme national.

De ce drame, est née une réflexion profonde dans la société et parmi les dirigeants politiques espagnols. Celle-ci a abouti, sous la pression de mouvements féministes, à l’élaboration d’un « plan d’action contre la violence domestique » par le gouvernement conservateur de José Maria Aznar et la création d’un observatoire dépendant du conseil de la magistrature en 2001, qui recense les victimes de violences de genre.

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Les médias ont eux aussi décidé d’agir. Depuis 2003, chaque fois qu’une femme est tuée par son compagnon, son mari ou son « ex », tous relaient l’information en mettant à jour le compteur annuel des crimes machistes.

« Cela a été fondamental pour commencer à avancer, estime Carmen Benito, présidente de l’association Mujeres unidas contra el maltrato (Femmes unies contre la maltraitance). Ce qui ne se voit pas, n’existe pas. Il fallait visualiser ces crimes pour pouvoir dire haut et fort que jour après jour, des femmes sont battues et assassinées par des hommes qui s’en croient propriétaires. »

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Un an plus tard, en décembre 2004, sous le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, le Parlement espagnol a voté à l’unanimité une loi de protection intégrale contre la violence de genre. Le texte a créé un parquet et des tribunaux spécialisés dans les violences faites aux femmes et les mesures de protection ont été renforcées : l’expulsion de l’agresseur du domicile, les « ordres d’éloignement » qui imposent une distance minimale du domicile de la victime à respecter, ou la suppression de l’autorité paternelle, en fonction de la gravité des cas.

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