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LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »
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Dans le camp d’Al-Hol, les familles djihadistes qui ont fui Baghouz s’entassent dans des conditions insalubres. Un reportage photo de Laurence Geai pour « Le Monde »
Un essaim de femmes en niqab noir, sans visage, qui donnent du coude, sont attroupées autour d’un homme qui, du haut d’un camion, attribue les tentes. Un autre groupe de femmes, tout aussi indistinctes, s’est formé autour du camion de distribution d’eau. Chaque recoin de la zone de réception du camp de déplacés d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, regorge de centaines de ces silhouettes anonymes, courbées par l’épuisement.
L’état de choc se lit sur les visages fermés, amaigris et jaunâtres, des enfants qui les accompagnent. Ils sont des milliers, sales et affamés. Des pleurs s’échappent de la tente de la Croix-Rouge internationale, où sont pris en charge les cas les plus urgents parmi les enfants en sévère malnutrition, les vieillards à bout de forces et les blessés.
Ce vendredi 8 mars, la zone de réception du camp est à saturation. Les dernières quarante-huit heures, plus de 12 000 femmes et enfants sont arrivés ici, selon l’ONG Comité international de secours, après un voyage éprouvant depuis Baghouz, 400 kilomètres plus au sud, entassés dans des camions à bétail, exposés aux tempêtes de sable du désert et aux averses sporadiques. Le dernier carré du « califat » de l’organisation Etat islamique (EI), pourtant réduit à un mouchoir de poche, n’en finit plus de déverser ses « habitants » par milliers, à la surprise des militaires comme des humanitaires.
« Point de rupture »
Depuis l’annonce de l’assaut final des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale anti-EI, en décembre 2018, plus de 55 000 personnes sont sorties de Baghouz.
Certains n’étaient que des civils pris au piège par les djihadistes dans leur retraite. Mais, depuis mi-février, à la faveur d’une trêve dans les combats, ce sont des combattants de l’EI, et surtout leurs familles, qui sortent de cet enfer qu’est devenu Baghouz, sous les bombardements et le siège. Pour certains, il était déjà trop tard : 97 personnes, dont deux tiers d’enfants de moins de 5 ans, sont morts en chemin, selon les Nations unies.
« Le Comité international de la Croix-Rouge [CICR] et d’autres agences font tout ce qu’elles peuvent pour aider les arrivées, mais le camp d’Al-Hol est au point de rupture », alerte l’organisation internationale. Avec désormais plus de 62 000 personnes à prendre en charge, dont 90 % de femmes et d’enfants, les organisations humanitaires sont dépassées : elles manquent de tentes, d’eau, de nourriture et d’équipes médicales.
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