les victimes des nouvelles routes de l’héroïne

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Publié aujourd’hui à 13h19

L’homme se tient immobile, le corps sec, à demi couvert de vêtements rapiécés, une seringue vide plantée dans sa main droite. Il est 8 heures du matin dans le squat d’héroïnomanes de Bombululu, situé dans un quartier populaire de Mombasa, à près de 500 km au sud-est de Nairobi, la capitale kényane. Quelques minutes plus tôt, dans ce terrain vague où picorent chèvres et poules, une trentaine d’habitués s’affairaient autour du dealer, roulant une cigarette ou préparant une dose à s’injecter. L’agitation est retombée au fur et à mesure que la drogue se diffusait dans les corps abîmés. « L’héroïne, c’est la fin de la route, dit Mbarack, 30 ans, en doudoune malgré la chaleur. Ta première injection, tu la sens depuis ton pied jusqu’à ton cerveau. Après, ça explose dans ton cœur et c’est à l’intérieur de toi pour toujours. » Le dealer reviendra cinq, six, sept fois dans la journée pour satisfaire leur demande insatiable.

L’héroïne a déferlé sur la région de Mombasa, deuxième ville du Kenya et premier port africain sur l’océan Indien, au début des années 2010. A quelques jets de pierres des plages paradisiaques et des hôtels « All inclusive » fréquentés par les touristes, les squats comme celui de Bombululu se sont multipliés. La drogue se consomme aussi à l’abri des regards, dans les maisons. La poudre blanche a harponné une population pauvre, confrontée au chômage massif et qui se sent exclue du boom économique de Nairobi, en particulier les jeunes, par ailleurs courtisés par les gangs et l’islam radical prôné par la milice des Chabab présente dans cette région musulmane frontalière de la Somalie. Selon la docteure Fatma Jeneby, chargée du programme drogue à l’hôpital MEWA (fondé par l’Association pour l’éducation et l’aide sociale aux musulmans), une structure locale qui tente de venir en aide aux héroïnomanes, « ont été signalés des cas d’enfants [victimes de l’héroïne] dès l’âge de 10 ans, dans les écoles ». Sur la côte swahilie, la consommation du cannabis et du khat, cette plante euphorisante de la Corne de l’Afrique, appartient à la culture locale, mais « l’héroïne a changé les règles du jeu », poursuit la jeune médecin voilée de noir.

En Afrique du Sud, la consommation de nyaope, un mélange très addictif à base de marijuana et d’héroïne fait des ravages dans les townshhips. Ici, à Soweto.
En Afrique du Sud, la consommation de nyaope, un mélange très addictif à base de marijuana et d’héroïne fait des ravages dans les townshhips. Ici, à Soweto. Frank Trimbos/REA

Des trafiquants détournés vers le Sud

Port stratégique millénaire, Mombasa est désormais une escale clé sur la route mondiale de l’héroïne. Pendant longtemps, cette drogue produite à partir du pavot afghan atteignait les grands centres de consommation que sont l’Europe et les Etats-Unis en cheminant à travers le Proche-Orient, l’Asie mineure, puis l’Europe du Sud via la route dite « des Balkans ». L’élargissement de l’Union européenne, la multiplication des contrôles liés à la crise migratoire, notamment en raison du conflit syrien, ont multiplié les obstacles pour les trafiquants qui se sont détournés vers le Sud, imposant la côte est-africaine comme une alternative.

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