Les universités belges sont saturées d’étudiants français

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Médecine, beaux-arts, orthophonie, psychologie… les facultés, qui espèrent une aide financière de l’UE, gèrent l’urgence comme elles le peuvent.

Par Eric Nunès Publié aujourd’hui à 14h24, mis à jour à 15h16

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Jules Le Barazer/Talkie Walkie

« Sans rire maintenant, qu’est-ce que vous êtes venus faire chez nous ? » interroge le chef Gueuselambix, lorsque débarque, dans son plat pays, une bande de Gaulois. La scène se déroule dans Astérix chez les Belges, publié en 1979. Quarante ans après la parution de l’album, les Belges posent la même question aux plus de 21 000 jeunes Français qui étudient aujourd’hui en Wallonie et à Bruxelles.

En médecine, dentaire, vétérinaire, orthophonie, beaux-arts, psychologie… Les étudiants français sont de plus en plus nombreux à investir les grandes écoles et les universités belges. Selon les derniers chiffres de l’Unesco, entre 2010 et 2015, leur nombre a bondi de 228 % dans les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour Auriane Marminat, 22 ans, étudiante en master d’orthophonie à l’Université libre de Bruxelles (ULB), faire ses études en Belgique n’était pas un premier choix, ni un deuxième… « Je suis ici à 1 000 km de ma famille », souligne cette jeune Provençale. Elle obtient son bac S avec une mention assez bien à Arles (Bouches-du-Rhône), suit ensuite une classe préparatoire à 3 000 euros pour pouvoir intégrer l’une des dix-huit écoles d’orthophonie françaises, et postule à neuf d’entre elles. Elle est recalée neuf fois…

« Les concours français d’orthophonie c’est “Koh-Lanta” », Auriane, Française en master d’orthophonie à l’Université libre de Bruxelles

En France, la sélection pour entrer dans un centre de formation en orthophonie (bac + 5) est drastique ; entre 5 et 10 % seulement des candidats y parviennent. A titre de comparaison, la sélectivité pour intégrer Sciences Po est de 21 %. Du coup, le nombre de places en première année d’études préparatoires au certificat de capacité d’orthophoniste est limité par un numerus clausus. Pour l’année 2018-2019, 874 places ont été ouvertes. « Dans ces conditions, les concours français ne cherchent pas à sélectionner les meilleurs », témoigne Laurine Slabolepszy, 21 ans, Valenciennoise, également en master d’orthophonie à l’ULB. « Les élus sont ceux qui s’accrochent, les concours d’orthophonie c’est Koh-Lanta », regrette Auriane. D’où le choix de la Belgique pour les deux jeunes filles, qui ont donc réussi à intégrer l’ULB belge, malgré la mise en place de quotas dans la filière orthophonie.

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Autres cursus, même sélectivité, même recours à un système d’enseignement supérieur plus ouvert : étudiant à l’Ecole nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, à Bruxelles, Alexandre Lorgnier, Francilien de 23 ans, a été recalé aux concours de plusieurs écoles des beaux-arts françaises avant de candidater outre-Quiévrain, où il a été retenu. Idem pour Estelle Hervot, 24 ans, titulaire d’un master 1 de psychologie à Montpellier, recalée à l’entrée du master 2 de psychologue clinicienne en France. « Il y avait 25 places pour 300 candidatures », indique-t-elle. Ses tentatives pour rejoindre d’autres universités françaises ne rencontrent pas plus de succès. « Un master 1 ne suffit pas à intégrer le marché de l’emploi, et une réorientation, après quatre ans d’études, c’est recommencer un cycle de trois années supplémentaires », observe-t-elle. Elle candidate aux universités de Mons et Bruxelles, et se voit acceptée dans les deux établissements. Mais s’interroge : « Pourquoi les enseignants belges estiment-ils que je peux devenir psychologue et pas les Français ? »

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