les technologies de surveillance chinoises à la conquête du monde

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A photo taken on November 19, 2019 shows anti-drone equipment on display at the Ministry of the Interior stall during the 21th worldwide exhibition of internal State security (MILIPOL) in Villepinte, in the Paris suburb. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP)

Les entreprises chinoises sont présentes en nombre au salon Milipol Paris consacré à la sécurité intérieure, s’appuyant sur l’expertise acquise sur l’immense marché chinois de la surveillance pour conquérir des contrats dans le monde.

Avec 89 exposants sur les 1.100 du salon venus de 53 pays, la Chine est, après la France et les Etats-Unis, l’Etat le plus représenté à Milipol.

Pas d’armes ou de munitions apparentes sur les stands, contrairement à des entreprises d’autres pays, mais des tenues d’intervention, des casques, gilets pare-balles et des dispositifs de brouillage.

Et surtout, des caméras à foison.

Lors de la précédente édition en 2017, les organisateurs avaient fait fermer en plein salon le stand d’une entreprise chinoise qui exposait un bracelet à impulsion magnétique et des menottes électriques, Amnesty International dénonçant des « instruments de torture illégaux ».

Dans un pays connu pour son étroite surveillance policière, le cabinet d’études IHS Markit recensait pas moins de 176 millions de caméras réparties dans l’espace public en 2016, contre 50 millions aux Etats-Unis.

D’ici à 2022, le chiffre devrait atteindre le niveau astronomique de 2,76 milliards, soit pratiquement deux caméras pour chacun des 1,4 milliard d’habitants du pays. Des outils qui, couplés aux techniques de reconnaissance faciale dans lesquels la Chine est en pointe, inquiètent.

Sur le stand d’Hytera Communications Corporation, les systèmes de radio portatives le disputent aux caméras-piéton et à de drôles de smartphones dotés d’une grosse antenne.

« Chaque policier peut avoir la situation tactique sur son smartphone », explique à l’AFP Sylvain Shuang, représentant de la société en Afrique francophone.

Les données transmises par ces équipements, ajoutées à celles des caméras de vidéosurveillance et aux données dans une zone donnée, par exemple sur la délinquance, « facilitent le travail de la police pour la prise de décision » depuis les centres de commandement, ces salles dotées de murs d’écrans, plaide-t-il. D’autant que « nous pouvons y intégrer les solutions de reconnaissance faciale ».

– « Compliqué en France » –

L’entreprise réalise 40% de son activité hors de Chine, notamment à la faveur d’acquisitions en Espagne, au Royaume-Uni ou encore au Canada.

Les Etats-Unis lui ont interdit cet été l’accès aux contrats de marchés publics américains. Tout comme à Hikvision, numéro un mondial de la vidéosurveillance dont les caméras équipent la ville de Nice, et qui a fait l’impasse sur Milipol.

Nombre d’entreprises présentes viennent de la région de Shenzhen (aux portes de Hong Kong), fief de Huawei. « C’est la Silicon Valley de la Chine », observe Yolen Ye, représentant de GDU, un fabricant de petits drones équipés de mini-caméras.

Déjà vendus à la Thaïlande pour observer les feux de forêts, le drone et sa caméra peuvent selon lui suivre 30 cibles différentes et identifier les plaques d’immatriculation » des véhicules. Ou des visages.

Le géant chinois de l’armement Norinco est lui aussi présent à Milipol. Sans ses fusils ou véhicules blindés, mais avec ses technologies de reconnaissance faciale.

« En Chine, ce n’est pas une nouvelle technologie et la Chine est un pays sûr parce que dans la plupart des espaces publics, nous disposons de ce système », plaide un représentant du groupe public qui ne souhaite pas dévoiler son identité.

La promotion de cette technologie s’avère compliquée en Europe car il y « des peurs que cela ait une incidence sur la protection de la vie privée », convient-t-il.

« En Europe, c’est un peu difficile parce que nous sommes une société chinoise mais nous essayons. On y arrivera peut-être en Grèce, en Italie. En France, ce sera compliqué », pronostique le représentant de Norinco.

Vendredi dernier, le gendarme français de la vie privée (Cnil) a parlé de « lignes rouges » à ne pas franchir dans l’utilisation de la reconnaissance faciale, évoquant un « potentiel de surveillance inédit pouvant mettre en cause des choix de société ».

La reconnaissance faciale permettrait de repérer des personnes enregistrées comme hooligans avant qu’elles n’arrivent au stade et de les empêcher d’y accéder, argumente le responsable de Norinco.

L’entreprise se targue d’avoir déjà équipé la police de Singapour et d’être en contact avec des « partenaires au Moyen-Orient et en Afrique ».

mra/liu/tq/rhl



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Le Mauricien

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