les scientifiques russes à la manœuvre

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Forte d’un mystérieux savoir-faire, une équipe de scientifiques russes veillerait depuis plusieurs décennies à la conservation des corps d’anciens leaders.

Quatre-vingt-quinze ans après son embaumement, la dépouille de Lénine est conservée dans un état quasi intact dans un mausolée situé sur la place Rouge, à Moscou.

Un sépulcre de verre recouvre la dépouille embaumée de Ho Chi Minh. Solennel, le leader nord-coréen Kim Jong-un s’en approche et dépose une gerbe de fleurs. En déplacement à Hanoï, la capitale vietnamienne, à l’occasion du deuxième sommet avec le président américain Donald Trump, Kim Jong-un a ponctué sa visite, samedi 2 mars, par un hommage appuyé au révolutionnaire vietnamien.

Livré à la contemplation des touristes, le corps sans vie de Ho Chi Minh semble n’avoir pas pris une ride. Le fondateur de l’actuel Parti communiste vietnamien est pourtant mort il y a cinquante ans. Une conservation remarquable dont bénéficient également les dépouilles du père et du grand-père de Kim Jong-un, toutes deux exposées au palais du Soleil Kumsusan, à Pyongyang.

Arrêter la marche inexorable du temps des décennies après la mort sans que la couleur de la peau s’altère ou que le corps se rigidifie ? Selon une enquête de l’agence de presse Reuters, les raisons de cet exploit scientifique sont à chercher du côté du Laboratoire Lénine de Moscou. Après leur mort, chacun de ces trois dirigeants est passé entre les mains des scientifiques du centre scientifique russe, célèbre pour avoir embaumé le corps de Lénine en 1924, raconte l’agence britannique. Comme celles de ses homologues asiatiques, la dépouille de l’ancien révolutionnaire communiste russe se trouve aujourd’hui encore dans un état de conservation exceptionnel.

Reliquats d’alliances communistes

Ni l’effondrement de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), en 1991, ni le relâchement des liens avec ses anciennes puissances alliées n’ont interrompu le travail de conversation des scientifiques russes. Alexei Yurchak, professeur d’anthropologie à l’université de Californie, à Berkeley, explique ainsi à Reuters que le réembaumement régulier de la lignée Kim est toujours assuré par les scientifiques du laboratoire de Moscou. Lesquels effectuent également une « maintenance annuelle » sur la dépouille du leader vietnamien.

Chacun de ces embaumements s’inscrit dans un contexte historique particulier. En 1969, à la mort de Ho Chi Minh, en pleine guerre du Vietnam, la Russie – alliée de l’Armée populaire vietnamienne – achemine quantité de matériels et de produits chimiques dans une grotte des environs de Hanoï, transformée, par les thanatopracteurs soviétiques, en laboratoire stérile. C’est en ce lieu que le leader de la révolution d’Août recevra ses premiers soins de conservation.

Quelques décennies plus tard, au moment de l’effondrement de l’URSS, « le laboratoire gouvernemental est confronté à une crise de financement, ce qui le conduit à démarcher davantage des clients étrangers », poursuit Alexei Yurchak. C’est au regard de ces considérations économiques que la Corée du Nord aurait passé commande auprès de praticiens russes pour embaumer Kim Il-sung, mort en 1994, et plus tard Kim Jong-iI, mort en 2011.

Le corps embaumé de Kim Jong-il à Pyongyang, le 20 décembre 2011.

Une technique jalousement gardée

Contacté par Reuters, le laboratoire de Moscou, rebaptisé centre de recherche scientifique depuis 1992, s’est refusé à tout commentaire sur la nature de ses travaux. Seules certaines étapes de la thanatopraxie soviétique ont été dévoilées.

D’après le site Russia Beyond, les soins se dérouleraient comme suit : pour tuer les germes et les bactéries, les dépouilles seraient d’abord placées plusieurs semaines dans un bain de formaldéhyde, avant d’être replongées dans un bain d’alcool. Une immersion destinée à améliorer la couleur de la peau et à masquer les imperfections cadavériques. Enfin, les scientifiques utiliseraient du glycérol pour adoucir la peau du cadavre.

Des soins de conservation répétés « tous les ans et demi à deux ans » pour pérenniser les défunts, affirme M. Yurchak. Ce qui expliquerait la fermeture pendant deux mois, chaque année, du mausolée de Ho Chi Minh, ou les récurrentes « rénovations » inexpliquées du palais du Soleil Kumsusan de la capitale nord-coréenne.

Des soins dispendieux

Pour la première fois, en 2016, Moscou a dévoilé le coût d’entretien annuel de la dépouille de Lénine : près de 200 000 dollars. Le coût de l’entretien des icônes nord-coréennes est inconnu, mais on peut préjuger de leur importance compte tenu de la place accordée au culte de la personnalité dans le pays.

Fondateur d’un groupe de promotion du tourisme et des engagements culturels en Corée du Nord, le chercheur Tom Fowdy explique ainsi à Reuters que « la politique de la personnalité des Kim dépassant toutes les autres, la sauvegarde du mausolée et de ses occupants demeure une priorité absolue ».

Près de cent ans après l’embaumement de Lénine, les techniques de préservation russes restent un mystère et une prouesse scientifique.

Victor-Isaac Anne

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