Les radios de la diaspora africaine se mettent à l’heure du coronavirus

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Un animateur de Radio Salam, une station lyonnaise, cherche à garder « un lien vital » avec ses auditeurs de la diaspora nord-africaine en plein confinement dû au Covid-19.
Un animateur de Radio Salam, une station lyonnaise, cherche à garder « un lien vital » avec ses auditeurs de la diaspora nord-africaine en plein confinement dû au Covid-19. DR

Elle a hésité à fermer sa station. S’est demandé comment protéger la santé des journalistes, celle des animateurs de l’antenne, face à la propagation de la pandémie de Covid-19, en continuant d’informer les auditeurs. Et puis sa décision s’est imposée. Evidente. « J’ai décidé de maintenir l’activité, car nous sommes un lien fondamental pour des gens extrêmement isolés », explique Wafa Dahman, directrice de Radio Salam, une station lyonnaise arabophone, destinée à la diaspora nord-africaine.

Que ce soit pour les primo-arrivants qui comprennent à peine le français ou les chibanis, seuls et âgés, Radio Salam « a quelque chose de vital », rappelle Mme Dahman qui « fait en sorte que la vie continue que personne ne se sente exclu ». Les reportages ont été arrêtés, seuls deux animateurs – un le matin et un l’après-midi – se relaient dans la station.

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Lingettes, gel hydroalcoolique (trouvé au bout de trois jours de quête), mouchoir en papier posé sur le micro, Radio Salam lutte comme elle peut contre la menace invisible. « Peut-être que cela ne sert à rien, mais c’est psychologique », admet la journaliste. Malgré le confinement, Radio Salam – écoutée dans le Rhône, l’Ain, en Isère ou sur Internet par quelque 150 000 auditeurs quotidiens – se veut une « fenêtre sur le monde » toujours ouverte. Avec un message, clair et limpide : répéter les consignes de sécurité et sanitaire. « On matraque, on matraque, insiste Mme Dahman. “Tout le monde à la maison. » Pour être plus crédible, la radio a fait venir un médecin qui a expliqué en français et en arabe les problèmes liés au Covid-19 et a répondu aux questions des auditeurs.

Une libre antenne pendant deux heures

Car ces derniers, parfois seuls, ont un besoin de parler, d’exprimer leurs interrogations, de raconter leurs difficultés de vie, leurs angoisses, de réclamer des musiques et les dédicacer… La libre antenne dure désormais deux heures chaque jour (de 16 heures à 18 heures). « C’est ça maintenir le lien social », se félicite la directrice, qui a mis en place un répondeur (04 78 54 93 93) pour toutes les questions. Et ce n’est pas tout, car cette radio a aussi un rôle de médiatrice…

« Nous sommes très écoutés dans les quartiers autour de Lyon où il y a une relation compliquée avec la police, où certains n’ont pas pris la mesure de la dangerosité de l’épidémie, précise Mme Dahman. Des familles se retrouvent bloquées avec des enfants, confinées avec des ados difficiles à gérer mais, nous, nous martelons que tout le monde doit rester à la maison. »

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La directrice de Radio Salam, au statut associatif, explique qu’elle a aussi été sollicitée par la préfecture du Rhône pour faire passer d’autres consignes et messages comme annoncer la fermeture prochaine du marché aux puces de Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise, qui draine des milliers de personnes. « Pour moi, c’est une reconnaissance de notre travail qui est indispensable. Et tout cela est fait bénévolement », note-t-elle.

Prêche du vendredi à l’antenne

Enfin, le recteur de la mosquée de Villeurbanne (ville limitrophe à Lyon), Azzedine Gaci, est plusieurs fois intervenu à l’antenne pour expliquer aux fidèles – même si la radio n’est pas confessionnelle – de ne pas se rendre dans les salles de prière. M. Gaci devait ainsi, vendredi 20 mars, faire son prêche à la radio à 12 h 30, « pour inciter les gens à ne pas sortir et à rester à la maison, souligne Wafa Dahman. On participe à notre échelle à l’élan de solidarité ».

Alors qu’en Afrique, le nombre de personnes atteintes du Covid-19 s’accroît dangereusement de jour en jour, Africa Radio (anciennement Africa Nᵒ 1), basée à Paris, continue à rendre compte de la pandémie sur le continent et auprès des diasporas vivant en France. Cette station, diffusée en Ile-de-France, en Côte d’Ivoire et en streaming sur le Net (avec 100 000 auditeurs au quotidien), relaie également les messages de consignes de sécurité, mais pas que. « Nous venons de faire une émission entre Abidjan et Paris pour que les gens en Côte d’Ivoire prennent conscience de ce qu’il se passe », souligne Dominique Guihot, PDG de la radio.

Et la station multiplie des messages de précaution destinés aussi aux personnes qui peuvent avoir des difficultés à se confiner chez eux dans des quartiers africains comme à Château-Rouge, à Paris. « Car peut-être ont-ils plus l’habitude d’être dehors que la moyenne de la population, ajoute-t-il. Mais nous diffusons les messages qui disent aux gens de rentrer chez eux. » Cette antenne a l’habitude de collaborer avec Santé publique France.

En ce moment, la radio est assez vide : les journalistes et animateurs travaillent de chez eux. Pour ceux qui veulent venir, chacun possède sa propre bonnette pour le micro. Les visites sont interdites. « On va pouvoir tenir comme cela, assure M. Guihot. On continue de faire notre travail, c’est l’essentiel. »

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