Les papyrus d’Herculanum, des énigmes fragiles et tenaces

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Fac-similé d’un papyrus d’Herculanum, extrait de « Tesoro letterario di Ercolano, ossia la Reale Officina dei Papiri Ercolanesi » (1858).
Fac-similé d’un papyrus d’Herculanum, extrait de « Tesoro letterario di Ercolano, ossia la Reale Officina dei Papiri Ercolanesi » (1858). Creative Commons

Parvenir à lire des manuscrits noircis, déformés, endommagés au cours de l’éruption du Vésuve de l’an 79. Tel est le défi posé aux savants par les célèbres rouleaux de papyrus d’Herculanum. Dernière tentative en date pour les déchiffrer : une équipe américaine a, en septembre, soumis deux des spécimens conservés à l’Institut de France aux rayons X de hautes énergies du synchrotron britannique Diamond Light Source, afin de produire, avec une résolution inédite, des vues en trois dimensions de leurs structures internes. En couplant des procédés de tomographie numérique à des techniques sophistiquées d’analyse des données faisant appel à l’apprentissage automatique, le professeur en science informatique Brent Seales de l’université du Kentucky (Etats-Unis) et ses collègues pensent pouvoir détecter, sur ces modèles 3D, l’encre rendue invisible du texte et accéder ainsi au contenu de ces documents carbonisés.

S’ils y parviennent, nul doute que la découverte fera du bruit. Car en 267 ans, tout ou presque a été tenté pour mettre au point un dispositif à même de décrypter, sans le détériorer, ce corpus de manuscrits issu de l’unique bibliothèque de l’Antiquité retrouvée complète à ce jour : quelque 1 830 fragments et rouleaux de 3 mètres à 15 mètres de long exhumés à partir de 1752, sous 25 mètres de poussières volcaniques, dans une villa qui aurait appartenu au politicien et protecteur des arts et de la littérature Pison, un des beaux-pères de Jules César.

Ouverture, millimètre par millimètre

D’abord pris pour de simples morceaux de bois calcinés, ces vestiges furent rapidement identifiés comme des écrits que les chercheurs n’ont eu de cesse d’essayer de lire en recourant à toute une panoplie de procédés plus ou moins astucieux. En vogue jusqu’au début du XXe siècle, la plus célèbre de ces techniques, la machine à déroulement par pesanteur du père Piaggio, connaîtra un relatif succès en permettant l’ouverture, millimètre par millimètre, du cœur de plusieurs centaines de ces rouleaux qui, datés du IIIe siècle av. J.-C. au Ier siècle ap. J.-C., s’avéreront provenir pour la plupart de la bibliothèque du philosophe épicurien Philodème de Gadara (110-40 av. J.-C.).

Mais ce ne sera pas le cas des autres dont les mises en œuvre seront souvent dévastatrices. « Sur les six rouleaux de papyrus d’Herculanum offerts à l’Institut de France par Napoléon Bonaparte qui les avait reçus en 1802 en cadeau du roi de Naples, seuls deux et demi sont encore intacts. Les autres ont été soit totalement détruits, soit réduits à l’état de fragments au cours des tentatives de décryptage de 1816, 1877 et 1986-1987 ! », rappelle Daniel Delattre, de l’Institut de recherche et d’histoire des textes du CNRS et chargé de mission de l’Institut de France pour la valorisation des rouleaux d’Herculanum.

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