« Les ONG internationales apparaissent aujourd’hui confrontées à un risque majeur de paralysie »

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Tribune. Une fois encore, 2020 aura été tristement fidèle à la violence qui, à partir de l’attentat de Bagdad en 2003, avait conduit à l’instauration d’une journée mondiale de l’humanitaire. En août, six humanitaires de l’ONG Acted ont été tués près de Niamey (Niger). En juillet, cinq personnels humanitaires avaient été exécutés dans le nord-est du Nigeria, par un groupe se revendiquant de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP en anglais). Pour Action contre la faim, ces nouveaux drames succèdent à un événement identique survenu en 2019 dans ce même pays.

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Les ONG internationales, malgré leur large diversité, apparaissent aujourd’hui conjointement confrontées, dans leur volonté de porter secours dans les zones de guerre où qu’elles soient, à un risque majeur de paralysie. Cet « empêchement » potentiel ou réel à agir résulte de mécanismes variés et intriqués qui traduisent une évolution du « regard de l’autre » sur ce que sont et font les ONG internationales. Les humanitaires se confrontent à des réalités désormais différentes de celles des moments fondateurs du mouvement. La puissance symbolique et l’immunité tacite dont ils bénéficiaient ont vécu. Il y a en particulier, dans le mouvement humanitaire contemporain issu des « sociétés civiles », quatre mécanismes, quatre dynamiques, pour ne pas dire quatre « tentations », dont il apparaît qu’elles ont, pour les trois premières, des sources anciennes.

Tentations néolibérale, sécuritaire, et occidentalo-centrisme

La « tentation néolibérale » est présente dès l’apparition du concept d’ONG, en 1945, qui, déjà, mêlait sous cette appellation des entités très éloignées du seul concept français d’associations, tel qu’il avait été théorisé par Alexis de Tocqueville au XIXe siècle. Cette dynamique néolibérale est également perceptible dans le modèle financier global de l’aide humanitaire internationale, qui repose pour un quart sur la générosité aléatoire de donateurs privés et, pour les trois quarts, sur la contribution optionnelle d’un nombre restreints d’Etats.

« La défaillance des financements publics expose les humanitaires à devoir s’engager sur les sentiers hasardeux du marketing émotionnel »

La défaillance des financements publics expose les humanitaires à devoir s’engager sur les sentiers hasardeux – et parfois éthiquement discutables – du marketing émotionnel. On retrouve dans la pratique de certaines ONG internationales les ingrédients d’un libéralisme parfois nié, parfois revendiqué, parfois sources de conflits entre les différentes organisations : culte de la performance managériale, apologie de l’argent privé comme gage de la « liberté d’entreprendre », défiance à l’égard du pouvoir des Etats, revendications de vouloir s’affranchir de toutes formes de régulation ou de coordination, propos parfois hostiles entre ONG à l’égard de la « concurrence ».

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