Les neuf ans de recherches qui ont permis aux Etats-Unis de localiser Abou Bakr Al-Baghdadi

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En annonçant la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi, dimanche 27 octobre, Donald Trump a mis fin à mille neuf cent quarante-deux jours d’une chasse à l’homme classée par le président américain comme « une priorité absolue » de la lutte antiterroriste. L’autoproclamé « calife » de l’Etat islamique (EI) depuis juillet 2014 a été tué, samedi 26 octobre, lors d’un assaut des forces spéciales américaines, dans un complexe de la province d’Idlib, où il résidait, dans le nord-ouest de la Syrie.

Après plusieurs tentatives manquées pour l’interpeller, aux dires des autorités irakiennes, l’étau s’était resserré ces dernières semaines autour du chef djihadiste grâce à des informations sur son lieu de résidence fournies par deux de ses proches. L’ultime pièce d’un puzzle reconstitué, étape par étape, par les Etats-Unis.

Une vue satellite de la résidence d’Abu Bakr al-Baghdadi, près du village de Baricha, en Syrie, faite le 28 septembre 2019.
Une vue satellite de la résidence d’Abu Bakr al-Baghdadi, près du village de Baricha, en Syrie, faite le 28 septembre 2019. MAXAR TECHNOLOGIES VIA REUTERS
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  • 2010-2019 : neuf ans de recherches à travers l’Irak et la Syrie

En juillet 2014, la mise en ligne d’une vidéo montrant le visage du chef de l’Etat islamique, proclamant au cours d’un prêche la création d’un « califat », réveille des souvenirs douloureux pour les services secrets américains : l’homme filmé dans la grande mosquée de Mossoul, né Ibrahim Awad Ibrahim Ali Al-Badri et qui se fait appeler Abou Bakr Al-Baghdadi, avait été incarcéré dès 2004 dans un centre de détention américain en Irak, pendant près d’un an, avant d’être libéré.

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Pour comprendre les discrets déplacements de l’ancien prisonnier devenu « calife », les services américains vont se baser sur les informations fournies par ses anciens compagnons, et notamment par Ismaïl Alwaan Al-Ithawi. Cet ancien conseil d’Abou Bakr Al-Baghdadi est incarcéré depuis 2018 en Irak, où il a été condamné à mort. « Al-Ithawi nous a donné des détails sur cinq hommes, y compris lui-même, qui rencontraient Baghdadi en Syrie et sur les différents lieux où ils se sont rendus », a déclaré, suite à l’annonce de la mort du chef de l’EI, un représentant des renseignements irakiens à Reuters.

A la journaliste du New York Times Rukmini Callimachi, Ismaïl Al-Ithawi a aussi décrit avec précision le dispositif de sécurité mis en place pour rencontrer le « calife » : aucun objet électronique autorisé et un lieu tenu secret, où même ses plus proches compagnons sont menés les yeux bandés – Al-Baghdadi aurait même arrêté d’utiliser un téléphone portable depuis plusieurs années.

Plusieurs opérations des autorités irakiennes auront lieu, après 2014, pour tenter de l’interpeller, comme l’explique au New York Times le directeur des renseignements irakiens, Abu Ali Al-Basri : près de la frontière turque, à Amadia, où il est aperçu au volant d’un véhicule, ou lors d’une rencontre présumée avec un cadre d’Al-Qaida dans la banlieue de Bagdad. Sans succès.

  • Eté 2019 : l’étau se resserre autour de la province d’Idlib

La situation évolue pendant l’été 2019, lorsque les renseignements irakiens arrêtent deux personnes, selon le Guardian et le New York Times : une des femmes du « calife » et l’un de ses messagers. Leurs témoignages, transmis à la Central Intelligence Agency (CIA), permettent de resserrer la traque près d’un complexe situé près de la ville de Baricha (province d’Idlib).

Considérant cependant qu’un assaut immédiat serait trop dangereux, la CIA et l’armée américaine décident de mettre en place une surveillance pour confirmer la présence du chef de l’EI dans le complexe. Au lendemain de la mort d’Al-Baghdadi, plusieurs responsables américains ont souligné l’importance de la coopération avec les services de renseignement irakiens et kurdes dans la recherche du lieu de résidence du « calife » et de sa famille.

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  • Octobre : la surveillance américaine confirme sa présence

Pendant plusieurs semaines, les méthodes de surveillance américaines et des relais locaux permettent étudier la vie autour de la résidence. La confirmation de la présence d’Al-Baghdadi ne sera communiquée à la Maison Blanche que le 24 octobre. « Jeudi après-midi, le président et moi avons été informés qu’il y avait de grandes chances qu’il soit présent dans le complexe de la province d’Idlib », a expliqué le vice-président américain, Mike Pence, à la chaîne CBS, dimanche. Selon le New York Times, l’armée américaine aurait annulé à deux reprises, à la dernière minute, des tentatives d’assaut contre la résidence du « calife ».

Au milieu de la nuit de samedi à dimanche, huit hélicoptères américains sont finalement autorisés à décoller d’une base située près de la ville irakienne d’Erbil vers la résidence d’Abou Bakr Al-Baghdadi.

  • 26 octobre : « Abou Bakr Al-Baghdadi est mort »

Après soixante-dix minutes de vol, les forces spéciales américaines se posent près du complexe. Des premiers échanges de tirs ont lieu alors que les soldats décident d’éviter la porte principale, qu’ils suspectent d’être piégée, préférant faire exploser une partie du mur d’enceinte pour s’infiltrer dans les bâtiments.

A l’intérieur, neuf personnes sont tuées, selon des sources de l’armée américaine au Guardian et des déclarations de Donald Trump. Parmi elles, deux femmes d’Al-Baghdadi, ainsi que le propriétaire du lieu, le dirigeant d’Hurras Al-Din, un groupe djihadiste rattaché à Al-Qaida. Abu Mohammed Al-Halabi avait fait construire, sous sa résidence, un réseau de tunnels dans lesquels va fuir le « calife », accompagné par trois de ses enfants.

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Poursuivi par les chiens des forces spéciales, acculé dans les sous-sols, le chef de l’EI déclenche une ceinture d’explosif, provoquant sa mort et celle de ses enfants. Les soldats doivent déblayer les décombres du tunnel effondré pour accéder à sa dépouille, mutilée. Son ADN sera rapidement confirmé par des analyses menées sur place.

A plusieurs milliers de kilomètres de Baricha, Donald Trump suit l’opération depuis la « situation room » de la Maison Blanche, avec les images et en direct. « C’était comme regarder un film », racontera le lendemain le président américain, en annonçant aux journalistes la nouvelle : « Abou Bakr Al-Baghdadi est mort ».



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